
Revirement de situation. Il n’y aura pas de comité directeur élu de la Fédération mauricienne de judo avant l’année prochaine, et les clubs ont jusqu’au 30 novembre pour se mettre au diapason avec la Sports Act.
La situation est loin de se décanter pour le judo local. Les dirigeants des clubs et les judokas devront encore prendre leur mal en patience. Le Caretaker Committee, responsable de l’organisation de l’assemblée générale élective de la Fédération mauricienne de judo (FMJ) et le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) ont décidé de repousser les suffrages à 2019.
Cette décision a été prise d’un commun accord par le Caretaker Committee de la FMJ et le MJS, jeudi au Citadelle Mall. Les clubs ont jusqu’à fin novembre pour se mettre en conformité avec la législation.
Par moments, les discussions étaient très animées lors de cette réunion. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint, a suggéré qu’une date soit arrêtée pour la tenue des suffrages, afin de remédier à la situation au plus vite. En revanche, le Caretaker Committee pense qu’organiser les élections dans les conditions actuelles ne changera rien à la situation. Les membres du comité ont fait ressortir qu’on ne peut organiser les élections avec seulement huit clubs, surtout que le rapport du Forensic Audit est entre les mains de la Fédération internationale de judo.
La réaction des dirigeants de clubs ne s’est pas fait attendre. À l’image d’Alain Batteri, qui accuse les dirigeants sportifs de dormir sur le dossier. « Le problème de judo date depuis 2016. Les instances concernées ne bougent pas le petit doigt pour résoudre le problème. Il y a toujours eu des solutions. Il faut juste de la bonne volonté. C’est ce qui manque à nos décideurs. Du moment que la solution n’est pas de leur intérêt, ils préfèrent jouer à l’aveugle et trainer avec le problème. C’est vraiment dommage pour la discipline surtout que les Jeux des Iles de l’océan Indien sont derrière la porte », s’insurge-t-il.
Le ras le bol général
Par ailleurs, c’est la consternation du côté des judokas. Ces derniers ont profité de la présence du ministre Toussaint, lundi au dojo de GRNO, pour vider leur sac. Ils ont déploré les conditions dans lesquelles ils s’entraînent et le manque de frottements et de compétitions à l’étranger. « Comme il y n’y a pas de fédération, nous devons mendier pour avoir un stage de haut niveau. Ne nous voilons pas la face : le judo mauricien régresse et il ne faut pas rejeter la faute sur les judokas. Nous n’avons pas l’encadrement nécessaire. Nous sommes livrés à nous-mêmes. Le judo mauricien est rentré bredouille des Championnats d’Afrique et personne ne semble se soucier. Alors que l’année prochaine, il y a les Jeux des Iles. Les autres pays mettent le paquet dans la préparation de leurs judokas », explique une boursière de la High Level Sport Unit.
Une autre judokate critique l’absence d’un calendrier de compétitions. « Nous ne savons pas quelle est la prochaine compétition internationale. Il y aura les Championnats du Commonwealth en Inde mais on ne sait toujours pas si on participera. Pourtant, nous avons au sein de l’équipe des judokas de haut niveau. La situation serait autrement s’il y avait une fédération. Nous sommes découragés et certains prévoient même d’arrêter le judo » , confie-t-elle.
À force de repousser l’échéance, la situation s’envenime au sein du judo local. Au grand désarroi des judokas, qui sont les grands perdants.
Plus d’un an que ça dure
On est loin de sortir de l’auberge avec la situation au sein de cette discipline de combat. Le Temporary Committee, mis sur pied par le ministère de la Jeunesse et des Sports et le Comité olympique mauricien en janvier 2017, par la suite remplacé par un Caretaker Committee, ont été dans l’incapacité de mener à bon port leur mission. Elle consiste à l’organisation des élections afin de mettre sur pied un nouveau comité directeur.
Entraînement national : Collet va suppléer Petrapermal
C’est Laval Collet qui a été appelé pour remplacer provisoirement Anom Pettrapermal en tant qu’entraîneur national. Ce dernier a pris quelques jours de congé. Anom Pettrapermal compte, lui, effectuer son retour d’ici la fin du mois de mai. Laval Collet est l’assistant-entraîneur national de judo.
Forensic Audit : plusieurs dirigeants pointés du doigt
Le rapport du Forensic Audit réalisé par la firme Nexia Baker & Arebnson pointe du doigt plusieurs dirigeants de l’ancien comité directeur ainsi que des techniciens sur des irrégularités notées dans la gestion et les finances de la Fédération mauricienne de judo. Ce rapport concerne la période janvier 2013 à décembre 2016.
Le Forensic Audit explique que son travail n’a pas été facile en raison de l’absence de certaines données de la Fédération et le refus de plusieurs membres de l’ex-comité de gestion de collaborer, surtout concernant les demandes de relevés bancaires et les copies de chèques émis.
Dans son rapport, Nexia Baker & Arebnson fait ressortir que la Fédération était gérée par quelques personnes. Ce qui a entraîné une situation où il y avait peu de supervision et de contrôle de la part de toute partie externe ; que ce soit le ministère de la Jeunesse et des Sports ou le Comité olympique mauricien.
En l'absence de contrôles et de bilans, la situation à la Fédération mauricienne de judo était telle que des sommes d’argent de plus en plus conséquentes étaient impliquées, mais avec des structures n’exerçant que peu de contrôle.
La firme propose une nouvelle génération de dirigeants et responsables pour assurer le comité de gestion de la FMJ, afin que le judo se développe sainement à l'île Maurice. Le Forensic Audit a couté Rs 400 000 au ministère et au COM.
Les principales recommandations
Parmi ses recommandations, Nexia Baker & Arebnson préconise que le ministère de la Jeunesse et des Sports ou le COM ait un droit de regard et soit en mesure de nommer un membre au sein du comité directeur de la Fédération pour une période de transition d’un an. (Ndlr : Cette mesure est impossible à appliquer étant donné qu’elle sera considérée par la Fédération internationale comme une ingérence).
Le Forensic Audit préconise que le nouveau comité de gestion soit composé de personnes qui n'ont pas fait partie du comité exécutif dans le passé, et s'assure que le futur trésorier soit une personne qui a de l'expérience dans le domaine.
La firme propose que l'accès soit autorisé au ministère et au Mauritius Sport Council d’effectuer des "spot checks" et la mise sur pied d’un audit interne par le MSC. Le simple fait d'avoir des auditeurs externes comme mesure de contrôle n'est pas suffisant, car ce n'est pas leur rôle principal de détecter l'appropriation illicite de fonds ou de malversations, entre autres.