Interview - Richarno Colin :« J’espère ramener une médaille de Tokyo »

By Jenny Raboud Dimanche 27 Décembre 2020 Sports de combat O commentaire 0 views

Si les jeux olympiques se tiennent effectivement en juillet-août 2021, ce seront les derniers du boxeur. Richarno Colin, 33 ans. Le Mauricien s’est mis en tête d’y aller décrocher un podium, 13 ans après Bruno Julie à Pékin.

Le calendrier sportif a été chamboulé par le Coronavirus. Comment avez-vous vécu cela ?

2020 a été une année pas comme les autres. Il y a eu l’arrêt du sport pendant un moment, le report des Jeux olympiques de Tokyo et autres tournois internationaux. Cela a été un coup dur pour les sportifs. Il fallait être fort dans la tête pour ne pas craquer. Le confinement a été une période assez difficile. Je me suis accroché à mon objectif d’un podium aux prochains JO afin de garder la motivation. J’étais vraiment soulagé lorsque j’ai pu reprendre le chemin de l’entraînement. Je dois dire que nous sommes très chanceux de pouvoir reprendre normalement nos activités sportives, contrairement à certains pays.

2020 reste tout de même une saison accomplie pour vous, car vous avez obtenu votre qualification pour Tokyo et élu meilleur boxeur de l’année par votre Fédération, n’est-ce pas ?

Tout à fait. Je ne voulais pour rien au monde rater le tournoi de qualification continentale de boxe au Sénégal pour éviter la pression. Une fois que le billet pour les JO était en poche, je pouvais me concentrer davantage sur ma préparation. Toutefois, le Coronavirus a bouleversé mon programme, notamment pour les stages et les compétitions internationales qui devaient enchaîner. Je tiens à remercier l’Association mauricienne de boxe pour cette distinction, qui est une source de motivation supplémentaire.

Est-ce que le report des Jeux olympiques pour 2021 change la donne ?

Juste le fait que je dois encore patienter pour aller chercher la médaille. Mais cela me donne plus du temps pour mieux me préparer. Je poursuis ma préparation à Maurice en attendant de pouvoir effectuer des déplacements pour les camps d’entraînements et des tournois à l’étranger. Il est important d’avoir des frottements de haut niveau sur une base régulière pour se perfectionner. Mes entraîneurs m’ont évalué après le stage à Rodrigues et ils disent que je suis sur une bonne marge de progression. J’ai besoin plus de rythme, de croiser des gants avec des sparring-partners plus forts que moi pour me mettre à l’épreuve et me pousser dans mes retranchements.

Selon un sondage, une grande majorité des Japonais sont contre la tenue des Jeux et ne croient pas que la pandémie puisse être maîtrisée à temps. Qu’en pensez-vous ?

Valeur du jour, les JO ont été reprogrammés pour juillet-août 2021. Peu importe ce qui va se décider au cours des prochains mois, les sportifs devront rester concentrés sur leur préparation. C’était quasiment impossible d’organiser les Jeux cette année dans de telles conditions sanitaires. Je pense que la situation va se décanter d’ici juillet prochain. Des vaccins et des traitements contre le virus ont d’ailleurs été trouvés. Je crois fermement que cet événement sportif aura bel et bien lieu, même si cela se déroulera dans un contexte inédit avec un public restreint. Je serai tellement déçu si les JO sont annulés. J’attends impatiemment ce rendez-vous depuis quatre ans. J’ai loupé Rio en raison d’une blessure et je ne sais pas si je serai toujours sur le ring dans quatre ans.

Vous avez brillé par votre absence sur le ring lors des Championnats nationaux élites en raison d’une blessure au pied. Êtes-vous remis ?

Ça va beaucoup mieux, je n’ai pratiquement plus de douleur. Je vais reprendre les entraînements incessamment. Je dois me préparer afin d’être prêt pour le tournoi en Bulgarie fin février. Richarno Colin, vous êtes à la recherche des sponsors depuis quelque temps.

Avez-vous eu des réponses positives ?

J’attends toujours…

 

Changeons de registre. Le ministère préconise un nouvel ‘Athlete Assistance Scheme’, sans inclure les Jeux des îles de l’océan indien. Qu’en pensezvous ?

Les sportifs seront définitivement démotivés. Le niveau régional doit être le point de départ menant vers le haut niveau à mon humble avis. Je trouve que la répartition des bourses de la ‘High Level Sports Unit’ en quatre catégories, notamment régionale, continentale, intercontinentale et mondiale, est une bonne chose. Un athlète qui se trouve dans une catégorie inférieure redoublera d’efforts pour hausser son niveau.

Est-ce vrai que vous avez été sollicité pour tenir une conférence de presse pour défendre Philippe Hao Thyn Voon, dont le groupe de réflexion réclame sa démission à la tête du Comité Olympique Mauricien, mais que vous avez refusé ?

J’ai eu l’occasion de rencontrer le président Philippe Hao Thyn Voon tout dernièrement, mais personne ne m’a contacté pour un quelconque point de presse. D’ailleurs, je ne veux pas m’ingérer dans les problèmes entre dirigeants. Je suis un boxeur et ma place est sur le ring de combat pas au sein du Comité Olympique Mauricien.

Pensez-vous que Hao Thyn Voon doit plier bagages ?

Ce ne sont pas les athlètes qui décident de qui doit rester ou qui doit partir. Ce sont les dirigeants des fédérations qui votent pour élire l’exécutif du mouvement olympique. Je ne suis pas du côté de monsieur x ou y. Peu importe qui seront élus lors des prochaines élections, il faut que ces personnes assument pleinement leurs responsabilités et travaillent dans l’intérêt et l’avancement du sport. Les sportifs doivent être au centre de leur priorité.

Un de vos coéquipiers en sélection, en l’occurrence Merven Clair, et deux sportives ont été critiqués pour accorder leur soutien au président du COM. Qu’avez-vous à dire ?

C’est leur droit et ils sont libres de s’exprimer. En tant qu’olympiens, ils ont jugé importants d’apporter leur soutien au président.

On ne peut terminer sans vous demander votre souhait pour 2021 ?

D’abord j’espère jouir d’une bonne santé, de ne pas avoir de blessure qui pourrait perturber ma préparation pour les JO, et ramener une médaille de Tokyo.

 

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