Richarno Colin :« Les sportifs broient du noir »

By Jenny Raboud Samedi 13 Mars 2021 Sports de combat O commentaire 0 views

Seul sportif mauricien qualifié pour les Jeux olympiques 2020 reportés à cette année, le boxeur Richarno Colin ne croit plus en ses chances. La faute à la Covid-19 qui vient plomber sa préparation pour la seconde fois.

Votre préparation pour les Jeux olympiques de Tokyo est de nouveau stoppée avec l’arrêt du sport à Maurice à cause de la Covid-19. Comment vivezvous cela ?

C’est une situation très difficile. Je ne suis pas le seul à revivre ce cauchemar. Avec l’ampleur que prend la crise sanitaire dans le pays et le nombre de personnes contaminées qui ne cesse d’augmenter, cela provoque la peur et l’angoisse en permanence. De plus, j’habite dans un endroit décrété zone rouge (Ndlr : Henrietta) où plusieurs cas positifs ont été répertoriés. Je crains le pire. Vous serez donc privé d’entraînement avec l’équipe nationale pour un bon bout de temps.

Avez-vous un programme à suivre à domicile ?

Évidemment, je ne pourrais pas rester inactif pendant la période de confinement, ne sachant pas jusqu’à quand cela va durer. Je dois impérativement maintenir la forme et mon niveau. Je dispose des équipements à la maison pour m’entraîner, mais ce ne sera pas dans les mêmes conditions que d’être encadré par un staff technique. Le rythme et l’intensité de l’entraînement ne sont pas les mêmes. Il y a eu un travail colossal qui a été abattu au cours de ces derniers mois dans le cadre de ma préparation pour les Jeux olympiques de Tokyo. Je dois continuer de bosser afin de maintenir ma bonne marge de progression, ce qui sera assez difficile dans la conjoncture. Je prévoyais une préparation dans les meilleures conditions afin d’être à mon top niveau pour le rendez-vous japonais. La Covid-19 a tout chamboulé. Cela fait plus d’une année que je n’ai pas de frottement international, notamment des stages et des compétitions. Quant à ma participation aux JO, j’avoue être sceptique. Est-ce que je pourrai faire le déplacement jusqu’au Japon ?

Vous en doutez ?

Il y a tellement d’incertitude. Après avoir raté les JO 2016 à Rio, en raison d’une blessure, je me suis investi à fond pour obtenir ma qualification pour le rendez-vous japonais en 2020. L’événement a été reporté pour cette année et je pense que les JO auront bel et bien lieu en juillet-août prochain même si ce sera dans des conditions très strictes pour éviter toute contamination. Mais de là à être sûr que je serai de la partie, franchement, je ne sais pas. Je vois Tokyo s’éloigner alors que le rendez-vous approche à grands pas. D’autres athlètes qui sont dans la course pour une qualification olympique doivent être dans le même état d’esprit que moi, surtout qu’ils sont proches du but. Ils sont dans le flou quant à leur participation dans des compétitions à l’étranger pour valider leur ticket. Les sportifs broient du noir. Par ailleurs, nous attendons toujours de nous faire vacciner contre la Covid-19. Il y a un an de cela, vous étiez motivé à bloc pour aller chercher une médaille au Japon, et dans la foulée émuler votre ancien coéquipier, Bruno Julie. Il semble que ce n’est plus le cas.

Est-ce que vous abandonnez vos objectifs ?

Il faut être réaliste. Comment est-ce que je peux penser à une médaille si la situation actuelle perdure et que je ne peux pas m’entraîner dans des conditions optimales et participer à des camps d’entraînement et compétitions de haut niveau ? Nous avons affaire à de grosses pointures de la boxe aux JO. Nous ne pouvons pas prétendre à un podium sans une bonne préparation.

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