La libération de l'ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius pourrait ne pas avoir lieu comme prévu vendredi, après une décision mercredi du ministère de la justice de faire réexaminer sa demande de liberté surveillée.
Pistorius, qui avait été condamné en octobre 2014 à cinq ans de prison pour l'homicide involontaire de sa compagne Reeva Steenkamp, a fait preuve d'un "bon comportement" selon les services correctionnels sud-africains et avait obtenu le 5 juin dernier une autorisation de sortir en liberté surveillée le 21 août.
Mais mercredi le ministère de la Justice a estimé que cette décision avait été rendue "prématurément" et qu'elle était "suspendue jusqu'à ce que les services de libération conditionnelle statuent sur la question", sans préciser de date pour une nouvelle délibération.
Selon Llewelyn Curlewis, un avocat au barreau de Pretoria interrogé par l'AFP, les services de libération conditionnelle disposent de "14 jours pour réexaminer leur décision", une période pendant laquelle Pistorius devrait "rester en prison".
Le ministre de la Justice Michael Masutha a estimé au micro de la radio sud-africaine 702 que les services de libération conditionnelle pouvaient avoir "mal interprété la loi" et pris "dans la hâte, une décision prématurée".
Selon le communiqué de son ministère, la décision rendue en juin est contraire au code pénal sud-africain qui autorise un prisonnier à faire une demande de liberté surveillée après "avoir purgé un sixième de sa peine". Au moment où la décision avait été rendue, Oscar Pistorius était incarcéré depuis un peu plus de sept mois, or "un sixième d'une peine de cinq ans représente dix mois", précise le texte.
En réponse à une pétition d'un groupe de défense des droits de l'Homme lui demandant d'empêcher cette libération, le ministre avait déclaré mardi qu'il allait déterminer si cette libération était légale et s'il avait ou non le pouvoir d'intervenir.
"Nous acceptons la décision du ministère de la Justice et nous allons voir quelles sont nos options", a réagi Anneliese Burgess, la porte-parole de la famille Pistorius, contactée par l'AFP.
"Interférence politique"
"Cela n'a rien à voir avec un quelconque mauvais comportement de M. Pistorius. Cela ressemble à une interférence politique et c'est ce qui m'inquiète le plus", a estimé Martin Hood, avocat au barreau de Johannesburg.
Cette décision intervient alors que Reeva Steenkamp, qui était une mannequin à succès avant sa mort, aurait fêté mercredi son 32e anniversaire. Sa famille s'est réunie plus tôt dans la journée sur une plage près de Port Elizabeth (sud), où ses cendres avaient été dispersées, pour lui rendre hommage en jetant des fleurs dans la mer.
En juin, la mère de la victime avait critiqué la possibilité d'une sortie anticipée de l'athlète sud-africain.
"Pour notre magnifique fille et même pour n'importe qui, ce n'est pas assez long", avait déclaré June Steenkamp, la mère de la victime au tabloïd sud-africain You.
Oscar Pistorius devait sortir de prison vendredi pour purger le reste de sa peine dans une maison attenante à celle de son oncle Arnold, dans un quartier huppé de Pretoria où il a vécu entre le drame et son incarcération.
"Ce n'est pas une libération conditionnelle", a précisé un avocat du barreau de Johannesburg, David Dadic, "sa peine est simplement transformée en assignation à résidence".
Même s'il était malgré tout libéré vendredi, Oscar Pistorius est loin d'en avoir terminé avec la justice et pourrait rapidement retourner derrière les barreaux.
Lundi le parquet a formellement fait appel du jugement, estimant qu'il aurait dû être condamné pour "meurtre" au lieu d'"homicide involontaire". Selon le parquet, le sportif avait bien l'intention de tuer la personne qui se trouvait derrière la porte des toilettes dans laquelle il a tiré quatre balles, la nuit du 13 au 14 février 2013.
Oscar Pistorius a toujours affirmé avoir tué par erreur sa petite amie en croyant à l'intrusion d'un cambrioleur, ce que l'accusation ne croit pas, estimant qu'il l'a tuée après une dispute.
Si le parquet obtient gain de cause lors du procès en appel qui se tiendra en novembre, Pistorius pourrait être condamné à une peine minimum de quinze ans d'emprisonnement.
En droit sud-africain, la procédure dite d'appel est plus proche de la cassation française que de l'appel proprement dit. Le procès n'est pas révisé sur le fond, mais uniquement sur la base du droit.
Double amputé des pieds à 11 mois, Pistorius était devenu une icône du sport mondial avant le drame, mais sa carrière a été brisée net par l'affaire.