L’escrime, qui comprend le maniement de l’épée, du sabre et du fleuret, a toujours été présente à Maurice. La Fédération mauricienne d'escrime (FME), reconnue par le ministère de la Jeunesse et des Sports depuis 2014, s’attèle à raviver cette passion parmi les Mauriciens.
[dropcap]K[/dropcap]arl Meunier, ancien enseignant au collège Royal de Curepipe et au collège du St-Esprit, a fait don de toutes ses reliques d’ancien escrimeur, sauf le fleuret de sa fille, à la FME en apprenant qu’il y avait enfin une fédération sportive pour cette discipline. Âgé de 87 ans, il se fait un devoir depuis d’assister aux entraînements de jeunes escrimeurs mauriciens au Dojo de Beau-Bassin les lundis.
Le vieil homme se décrit comme le dernier héritier de la tradition des escrimeurs datant de l’époque coloniale française à Maurice. « Je me suis entraîné au fleuret et à l’épée avec les frères Bouton, Ivan et Hervé, quand j’étais jeune », confie Karl Meunier. Il raconte qu’à l’époque, il y avait beaucoup de pratiquants d’escrime au Dodo Club et au Club de Rose-Hill, et que la cassure a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale (1939-45). Car, beaucoup d’escrimeurs mauriciens appelés sous les drapeaux ne sont pas retournés ou avaient cessé de pratiquer ce sport.
Mais, Karl Meunier, voulant partager ses connaissances, a entraîné sa fille et un petit groupe d’élèves du Lycée Labourdonnais au début des années 1980. Il y a même eu des échanges avec les escrimeurs réunionnais, mais tout cela a cessé quand sa fille a terminé son bac avant de partir pour poursuivre ses études à l’étranger. Karl Meunier raconte une partie de l’histoire de l’escrime à Maurice dans son premier livre : « Hier encore ».
C’est en 2012 lorsque Satya Gunput, capitaine de l’équipe d’escrime de l’Université d’Oxford en Angleterre, a exprimé son souhait de représenter Maurice dans des compétitions internationales dans le but de décrocher une qualification olympique que le projet de créer une fédération a été lancé.
« On s’est battu pendant deux années avant que le ministère de la Jeunesse et des Sports ne reconnaisse finalement la FME en 2014. Nous avons maintenant quatre clubs à Maurice : Pamplemousses, Rose-Hill, Port-Louis et Quatre-Bornes. Nous projetons d’en créer deux autres à Curepipe et à Vacoas », explique Aarti Gulrajani-Descann, présidente de la FME.
La Fédération compte deux maîtres d’armes, nommément Jenna Rima et Kevin Mooken. C’est, toutefois, Kevin Mooken qui s’occupe de l’entraînement des 45 escrimeurs les lundis et jeudis à Beau-Bassin.
« Nous avons prévu deux ou trois compétitions cette année. Sinon nous continuons les démonstrations dans les écoles pour vulgariser ce sport. Nous travaillons aussi sur un échange Maurice-Réunion et nous enverrons notre premier représentant, Ronan Ragavoodoo, aux Championnats du monde d’escrime cadets/juniors, prévus en avril à Bourges en France. »
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Comment s’inscrire et combien ça coûte ?
Toute personne désirant pratiquer ce sport peut prendre contact avec la Fédération mauricienne d’escrime ou se rendre au Dojo de Beau-Bassin, à côté de la piscine Serge Alfred le lundi ou le jeudi après-midi pour s’inscrire. Les entraînements sont facturés à Rs 300 par mois et les équipements sont fournis. Ceux désirant avoir leurs propres équipements peuvent acheter ceux de bases qui coûtent entre Rs 3 000 et Rs 4 000. Les bonnes marques peuvent coûter jusqu’à Rs 15 000.[/box] [box type="note" align="alignright" class="" width="660"]Épée, fleuret ou sabre ?
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"80937","attributes":{"class":"media-image alignleft size-full wp-image-12193","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"661","height":"425","alt":"\u00c9p\u00e9e, fleuret ou sabre ?"}}]] L'épée, le fleuret et le sabre sont les trois armes utilisées en compétition d'escrime. Voici ce qui les différencie. Les lames du fleuret, de l'épée et du sabre sont en acier, mais chacune de ces armes a ses propres spécificités. Les différences se font essentiellement au niveau du poids et de la taille de l'arme. Ainsi, le fleuret pèse 500 g au maximum et est d'une longueur totale de 110 cm au maximum. La lame ne doit, elle, pas dépasser 90 cm. Enfin, l'extrémité du fleuret est carrée. Au fleuret, on doit toucher l'adversaire au tronc (buste, épaules, cou) pour que la touche soit valable et que l'on marque un point. De son côté, l'épée ne doit pas peser plus de 770 g et ne pas mesurer plus de 110 cm. La lame est également de 910 cm au maximum et l'extrémité est triangulaire. À l'épée, on peut toucher son adversaire sur tout le corps, chaussures et masque compris. Enfin, le sabre pèse 500 g au plus et mesure 105 cm au maximum. La lame ne doit pas dépasser 88 cm et l'extrémité est triangulaire. On peut toucher son adversaire avec toutes les parties de sa lame : la pointe mais aussi le tranchant (« la taille ») et le dos (« la contre-taille »). Il faut toucher le haut du corps, au-dessus de la ceinture, masque et bras compris.[/box] [box type="success" align="alignleft" class="" width="660"] Satya Gunput à la recherche d’une qualification olympique[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"80936","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-12192","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"338","alt":"Satya Gunput"}}]] Satya Gunput demeure le fer de lance de l’escrime mauricienne.
Actuellement 178e mondial à l’épée, Satya Gunput tentera sa chance lors des Championnats d’Afrique qui se tiendront du 15 au 19 avril en Algérie pour décrocher sa qualification pour les jeux Olympiques de Rio.[/box]