L’ancien champion de saut en longueur s’est engouffré dans la spirale infernale de la drogue. Arrêté pour vol par les limiers de la Criminal Investigation Division de Quatre-Bornes mardi, Arnaud Casquette, 38 ans, est passé de statut de héros national à celui de récidiviste notoire.
Arnaud Casquette a porté haut le quadricolore mauricien sur l’échiquier international pendant plusieurs années. Cet ancien athlète de haut niveau a emprunté une voie contraire aux valeurs sportives. Son père, Paul, ne veut plus entendre parler de lui. « Voilà où ses mauvaises fréquentations l’ont emmené. Il n’a rien appris des erreurs commises dans le passé. Je ne vais pas lui pardonner cette fois », dit-il, les larmes ruisselant sur les joues. Et de poursuivre : « Il a vidé le vaisselier de la salle à manger. Je souffre de voir mon fils gâcher sa vie. J’ai tout fait pour l’aider, mais il ne fait qu’à sa tête. Il ne pouvait pas travailler comme il devait effectuer des travaux communautaires et je lui donnais à manger. Qu’il assume les conséquences maintenant. Moi, je m’en lave les mains. »
La vie de l’ancien sauteur a basculé quand il a dû arrêter le sport à la suite d’une blessure au genou, qui avait même nécessité une intervention chirurgicale. « Il passait son temps avec les amis et il accordait moins d’importance à la famille. Sa femme l’a finalement quitté en emmenant mon petit-fils avec elle en Italie », confie Paul Casquette. Et d’ajouter : « Je pense qu’il aurait été une meilleure personne s’il était toujours dans le giron sportif. Lorsqu’il s’est blessé, il était découragé par le manque de soutien. Son allocation mensuelle d’athlète de haut niveau avait été réduite, passant de Rs 20 000 à Rs 5000, alors qu’il s’était blessé lors d’une compétition. »
Positif au cannabis
N’empêche, le père d’Arnaud ne décolère pas contre son fils unique. « Mon fils me fait honte ! Il n’a pas su garder l’image de champion qu’on avait de lui et dont j’étais très fier. Il peut encore changer de vie. C’est à lui d’en décider », dit-il.
Jean Chelin est celui qui avait lancé la carrière de l’ancien étudiant du collège Imperial lorsqu’il avait 14 ans. Pour l’ancien coach, les torts sont partagés en ce qui concerne la descente aux enfers de Casquette. « C’est un échec pour les parents, les entraîneurs, la fédération et le pays. Nous sommes tous responsables. Je me souviens encore que ses parents l’encourageaient dans le sport pour qu’il ne fasse pas de bêtise », avance-t-il. Jean Chelin est d’avis que l’ancien athlète a pris la pente descendante depuis qu’il avait été testé positif au cannabis lors des Jeux de la Francophonie de 2005, au Niger. Il avait alors écopé d’une suspension de six mois.
Une ancienne collègue avec qui Arnaud Casquette a bossé dans une gym, le décrit comme un bon coach. « Il était très apprécié et était très appliqué dans son travail. C’est un passionné de sport. Après, on n’a plus eu de ses nouvelles », relate-t-elle. Et de souligner : « Il n’était plus le même depuis que son épouse est retournée en Italie, emmenant son fils. Il a beaucoup souffert de cette séparation. »
Vivian Gungaram, président de l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA), confie qu’il avait approché l’ancien spécialiste du saut en longueur en 2009 pour s’occuper des jeunes. « Il n’avait pas de temps, car il bossait à l’hôtel », déclare-t-il. Selon lui, la Fédération a toujours apporté son soutien à Arnaud. « Avec l’aide du ministère, du Comité olympique et du Trust Fund, entre autres, la Fédération a financé son intervention au coût de Rs 600 000. Après sa suspension, il ne bénéficiait rien de l’IAAF. Toujours avec l’aide des différentes instances sportives, nous avons financé ses camps d’entraînement et ses compétitions à l’étranger », précise Vivian Gungaram.
Le cas d’Arnaud Casquette relance le débat sur l’après-carrière des sportifs. Le ministre Yogida Sawmynaden promet la mise sur pied d’une entité pour suivre les sportifs de haut niveau et assurer leur avenir .
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Parcours
Médaillé d’or de la Francophonie
Arnaud Casquette s’est illustré dans de nombreuses compétitions à l’étranger. Il a été médaillé d’or au relais 4x100 m et d’argent au saut en longueur aux Jeux de la Francophonie de 2001, au Canada. Il a aussi brillé dans les Meetings internationaux, aux Championnats de France, aux Championnats d’Afrique, aux Jeux d’Afrique, et aux Jeux des îles de l’océan Indien, entre autres. Il a aussi participé aux jeux Olympiques de Sydney, en Australie, en 2000. L’ancien sauteur a été le premier Mauricien à obtenir une qualification directe aux Jeux olympiques. C’était pour Beijing en 2008, mais il avait été contraint de déclarer forfait en raison d’une blessure.
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