C’est un concours de circonstance qui a fait de Richard Sunee l’un des plus grands boxeurs mauriciens de tous les temps. Pour cet ancien champion, qui porte plusieurs casquettes, la boxe est devenue, au fil du temps et des victoires, un mode de vie.
Richard François Sunee, 50 ans, figure parmi les plus grands sportifs mauriciens de tous les temps, aux côtés de Nano Sauzier, Stéphane Buckland, Eric Milazar et Bruno Julie. Car cet ancien champion d’Afrique et 8e de finaliste aux jeux Olympiques d’Atlanta était classé numéro 2 mondial de 1992 à 1996, alors au summum de son art. « À force de m’entraîner, de bosser dur et de vivre au rythme d’un athlète professionnel, la boxe a fini par devenir un mode de vie », confie ce Curepipien.
Justement, sa vie a commencé aux Résidences Malherbes, dans le froid curepipien, un certain 12 décembre 1966. Dès son plus jeune âge, Richard Sunee manifestait de la force et une puissance physique voyante. « Mes aînés raffolaient des duels de boxe de Cassius Clay, diffusés sur le téléviseur de la municipalité. J’ai intériorisé cette discipline, tout en restant quelqu’un de très calme voire docile », se rappelle le veuf de Dominique et papa de deux enfants, Alison, 17 ans, et Grégorie, 15 ans.
C’est à l’âge de 14 ans, alors élève au collège Ste Héléna, que Richard Sunee décide de s’adonner à la boxe, par une étrange coïncidence. « De par ma fenêtre, j’ai assisté à une bagarre entre footballeurs lors d’un match. Michel Virginie, alors boxeur national, a fait un ‘upper cut’ à son adversaire et il l’a envoyé au tapis. Le lendemain, j’ai décidé de m’entraîner avec lui », confie ce fan de Chelsea et de l’équipe d’Allemagne. C’est plutôt avec Hervé Bienvenue que notre futur roi du ring développera ses qualités d’athlète coriace, tenace et pugnace. À raison de trois fois par semaine, il travaillera sur ses tirs, esquives, contre-attaques et feintes.
Numéro 2 mondial
Présélectionné en 1985 pour les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), il ne sera pas sur le ring. Mais par la suite, Richard Sunee dominera la boxe pendant presque 20 ans, après avoir obtenu sa licence auprès de l’Association mauricienne de la Boxe Amateur (AMBA). « Je combattais dans la catégorie des 51 à 54 kilos. De ma première victoire contre Hervé Roujja au Philippe Rivaland de Beau-Bassin, j’ai remporté 124 autres victoires en un total de 143 matchs de compétition », explique cet admirateur de Cassiya et de Ram Joganah.
Dans la foulée, Richard Sunee a été champion de Maurice en cinq occasions, dans les catégories des 48 à 60 kilos. Il a remporté deux médailles d’argent et une en or en trois participations aux JIOI en 1990, 1993 et 1995. Après avoir atteint les quarts de finale aux jeux du Commonwealth en 1994, il a remporté l’or quatre ans plus tard.
Intenable dans les années 90, il ramènera l’or aux Championnats d’Afrique de 1992 et de 1994, tout comme aux jeux d’Afrique de 1995. Sa seule participation, aux jeux Olympiques à Atlanta en 1996, s’est soldée par une défaite en 1/8 de finale. Richard Sunee a été champion dans plusieurs compétitions triangulaires de l’océan Indien. « Je dois ces réussites à mes parents et à ma famille, qui m’ont toujours encouragé et soutenu », remercie cet admirateur de Denzel Washington.
‘Advisor Coach’ au ministère
Comme une carrière de boxeur n’est pas éternelle, Richard Sunee a su se convertir, à temps, en Advisor Coach au ministère de la Jeunesse et des Sports. Il occupe actuellement le poste d’Officer-in-Charge au centre de Glen-Park. Richard Sunee agit aussi comme entraîneur au Centre national de boxe de Vacoas tout en portant la casquette d’assistant entraîneur de l’équipe nationale. « Les mardis et les jeudis, j’effectue des visites sur une base régionale, afin de suivre les progrès, par rapport au plan d’ensemble de l’application de la politique mise en place par le ministère et l’AMBA », nous dit celui qui se régale devant un bon riz blanc, accompagné de lentilles et de poisson salé.
À plus de 50 ans, Richard Sunee respire la forme. Il a encore des objectifs pour la boxe mauricienne.
« Je crois qu’on est dans la bonne voie pour faire avancer ce sport de combat. Toutefois, je souhaite un plus grand enthousiasme de la part des parents, qui doivent encourager leur enfants à faire du sport », conclut notre homme.