
Elle n’a pas eu une enfance des plus heureuses. Pour se déplacer, sa locomotive favorite était ses pieds. C’est la course qui lui a donné la motivation. Aujourd’hui elle est devenue coach d’athlétisme et elle tente d’inculquer à ses protégés les valeurs pour réussir dans la vie.
C’est une dame très souriante et bavarde qui malgré une longue journée se trouve sur le terrain de football de Roche-Bois mardi en début de soirée. En effet, Marina travaille dans l’administration d’une institution primaire le matin. L’après-midi elle enfile son chapeau de coach d’athlétisme et le soir elle endosse son rôle d’épouse aux côtés de son mari Michel. Depuis bientôt une quinzaine d’années c’est le quotidien de cette maman de deux enfants - Murvyn et Myrna. Mais cette vie ne s’est pas bâtie du jour au lendemain. « Beaucoup de personnes savent que j’étais une enfant défavorisée de Tranquebar. C’est l’éducation qui m’a sauvée, suivie des choix que j’ai faits dans ma vie », précise Marina.
Cet amateur de cross-country a pris ses marques en tant qu’entraîneur au Port-Louis Centaurs Athletic Club. Après dix années de volontariat dans ce domaine, en 2013, elle pensait raccrocher ses crampons. Vient alors la proposition du club de Roche-Bois Eclair, qu’elle n’a pu refuser, même si cela n’est pas rémunéré. Depuis quatre ans maintenant, l’habitante de Batterie Cassée se rend à l’entraînement au rythme de trois fois la semaine, avec une séance chaque samedi au stade Anjalay à Belle-Vue. Le temps de donner quelques consignes à ses petits jeunes poulins, qui l’appellent tous affectueusement « Miss ». « Nous sommes trois entraîneurs, ayant sous notre aile une soixantaine d’athlètes licenciés, qui sont pour la plupart des adolescents. Nous avons aussi quelques jeunes pouces d’à peine cinq ans. Mis à part le terrain qui est mis à notre disposition dans l’après-midi, nos jeunes ne disposent ni de vestiaires ni d’équipements. On peut être simples, mais quand même viser plus haut », souligne Marina.
La coach est une personne qu’on oublie difficilement. « Quand mes anciens élèves me revoient, ils me disent que toute la discipline et la rigueur que je leur ai inculquées ont fait d’eux les bons citoyens qu’ils sont devenus aujourd’hui. Cela me rend vraiment fière et heureuse », confie-t-elle.
Notre professeur de sport spécialisé dans les courses de fond n’est certes plus toute jeune, mais elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, « Le club de Roche-Bois Eclair a produit plusieurs bons éléments qui sont par la suite partis s’entraîner avec des clubs ayant plus de moyens et d’infrastructures à leur disposition. Nous sommes comme un noyau avec plein de jeunes athlètes qui ont du potentiel. Ils doivent être orientés, encadrés et suivis, choses que nous faisons à notre niveau avec les moyens du bord. Une aide additionnelle en termes de logistiques, d’infrastructures et d’équipements ne pourra que motiver ces adolescents à être plus réguliers à l’entraînement, donner le meilleur d’eux-mêmes et rendre fier leur entourage. Pour ma part je suis déjà très fière de ces jeunes que je considère comme mes propres enfants », conclut Marina Power Mohun.
Une histoire de famille
L’accomplissement de cette femme passe par le soutien indéfectible de sa famille. « Les décisions se prennent en famille. Chacun sait ce qu’il a à faire et tout le monde met la main à la pâte pour la bonne marche de la maison. Mon fils Murvyn, qui vient récemment d’obtenir sa licence d’entraîneur, me donne un sacré coup de main à l’entraînement. Ma fille Myrna, qui complète ses études actuellement, est aussi animatrice sportive au niveau de l’athlétisme. Mon mari est dans le domaine de l’enseignement.
Il a toujours compris combien c’était important à mes yeux d’encadrer les jeunes qui sont dans des situations difficiles. Mon époux et moi n’avons pas connu une enfance de tout repos, et c’est en se serrant les coudes qu’on a pu aller de l’avant. Dans quelques mois ce sera notre 25e anniversaire de mariage », raconte cette mère de famille, les yeux tout pétillants.