La gymnastique rythmique c’est toute sa vie. Cette double championne de la Russie, en 1993 et 1994 en gymnastique rythmique ensemble, consacre aujourd’hui la majeure partie de son temps à travailler et à former les jeunes Mauriciennes à une discipline olympique qui était encore méconnue à Maurice, il y a quelque temps de cela.
Iana Vroublevskaia de Morelos est parmi celles qui ont fait les beaux jours de la Russie au début des années 1990. C’est à la suite d’une maladie à l’âge de cinq ans, soit en 1980 pendant les jeux Olympiques de Moscou, qu’elle décide de se lancer dans la gymnastique rythmique, une discipline sportive féminine, qui a vu le jour en Union soviétique dans les années 1940, plus précisément à St-Petersburg, la ville natale de Iana Vroublevskaia. « J’étais en permanence malade depuis l’âge de trois ans, le médecin avait recommandé que je pratique un sport ‘indoor’, vu que je n’étais pas adaptée au climat froid de la Russie. Donc, pour pouvoir vivre une vie normale, j’avais opté pour la gymnastique rythmique que j’avais découverte à la télévision pendant les jeux Olympiques de Moscou », dit-elle.
C’est toutefois à l’âge de huit ans que Iana décide de lancer sa carrière et de s’entraîner régulièrement avec comme objectif d’atteindre le haut niveau. « C’était vraiment très difficile, car il y avait des filles qui étaient bien meilleures que moi et la compétition était très rude. Il y a plusieurs millions de filles qui pratiquent la gymnastique rythmique en Russie. Mais au fur et à mesure que je me suis entraînée, je me suis améliorée. J’ai changé plusieurs fois d’école et de coach pour finalement tomber sur un coach exceptionnel et magique en la personne d’Inna Bistrova, avec laquelle je me suis entraînée au moins cinq heures par jour, pour finalement devenir championne de la Russie en ensemble, pendant deux années consécutives. Et si en Russie on arrive à terminer sur la première marche du podium, c’est déjà une très grande victoire », souligne la vice-championne d’Europe.
Ce n’est en effet pas une coïncidence si aujourd’hui la Russie continue à dominer la gymnastique rythmique sur le plan mondial. Depuis 1963, date des premiers Championnats du monde, tous les titres mondiaux et olympiques ont été raflés par les Russes, les Bulgares et les Ukrainiennes. Cela peut s’expliquer par le fait que le sport est imposé aux filles dès le plus jeune âge en Russie. Si elles choisissent de pratiquer la gymnastique rythmique, elles finissent le plus souvent par maîtriser parfaitement tous les aspects de cette discipline olympique.
En 1997, après un accident, Iana se blesse au dos et se voit obliger de mettre un terme à sa carrière de gymnaste. C’est ainsi que démarre sa carrière d’entraîneur, où elle rejoint le Boario Di Terme, à Milan. C’est finalement en décembre 2011 qu’Iana Vroublevskaia décide de venir s’installer à Maurice, après avoir passé une dizaine d’années à Dubai. En 2012, elle prend l’initiative de contacter le ministère de la Jeunesse et des Sports afin d’introduire la gymnastique rythmique à Maurice. Mais avec les complications administratives, elle décide de se tourner vers le secteur privé pour finalement ouvrir une école de gymnastique rythmique, la Sport Dance Ltd Rythmic Gymnastic School à 'The Cube', Forbach, au Nord de Maurice.
Cette mère de deux enfants, Antoine, 12 ans, et Alessio, 7 ans, compte aujourd’hui plus d’une centaine d’élèves âgées entre 4 et 17 ans. « Je passe beaucoup de temps avec la formation des filles en gymnastique rythmique. Actuellement, nous avons établi le contact avec les clubs de La Réunion, où nous nous sommes rendues en quelques occasions, notamment en 2015 quand j’ai été invitée à faire un stage de préparation des athlètes réunionnaises en vue des championnats de France. En 2016, j’ai emmené quatre de mes filles disputer une compétition régionale à La Réunion, où nous avons décroché la première place en benjamine, grâce à Jade Genier, et la première place en cadette, grâce à Robyn Anderson. Nous avons aussi reçu la visite des juges réunionnais à Maurice, qui ont fait une évaluation du niveau des filles de notre école, ils ont conclu que nos filles avaient un très bon niveau. Maintenant, nous devons continuer à travailler et parfaire notre niveau », précise Iana.
Le rêve d’Iana ne s’est toutefois pas encore matérialisé. Elle souhaite que Maurice puisse un jour disposer d’un centre de gymnastique de niveau international afin d’accueillir des concours internationaux. Mais malheureusement, cela risque de prendre du temps, sachant qu’à ce jour, la Fédération Mauricienne de Gymnastique a été suspendue par l’instance internationale de la discipline.