Philippe Wai Ping est, depuis mardi, le doyen des bénéficiaires de la nouvelle allocation de l’État aux anciens sportifs. Il a commencé à courir dès l’âge de 5 ans.
« Je courais depuis tout petit dans les ruelles de la capitale », précise Philippe Wai Ping. Mais c’est toutefois l’haltérophilie qui a fait le bonheur de ce sportif et a forgé sa réputation.
Dans les années 60-70, le culturisme et, par extension, l’haltérophilie gagnaient du terrain auprès des jeunes, tout comme les arts martiaux. « Comme les divertissements étaient rares, même la télévision avec les images en blanc et noir demeurait un luxe. Les sports de combat, mais aussi le bodybuilding, passionnaient les jeunes », souligne ce fan de Manchester United et admirateur de Ryan Giggs.
Si quelques-uns montaient des clubs un peu partout à travers l’île, par contre Philippe Wai Ping, en bon autodidacte, s’entraînait dans sa maison et dans sa cour, à Baie-du-Tombeau. « Traditionnellement, les Sino-mauriciens restaient plutôt chez eux, entre eux et limitaient au maximum les fréquentations », dit-il dans un grand éclat de rire.
Ainsi, Philippe Wai Ping a pris goût à soulever les barres. « Je n’avais pas d’entraîneur qualifié et j’ai dû apprendre les techniques de cette discipline à travers des magazines », se remémore cet admirateur du médaillé olympique Bruno Julie.
Les librairies Bonanza, Bourbon, Nalanda et Students, à Port-Louis, regorgeaient de magazines et dépliants sur plusieurs sports qui gagnaient nos côtes. Avide de la lecture, Philippe Wai Ping est un homme de grande culture. Il lit encore, Chaucer, Sartre, Confucius, Chase et même les auteurs mauriciens, sans oublier ce qui reste des revus de Blek, Zembla et Ombrax.
Sans adversaire en 1979
Notre interlocuteur conte, comme-ci c’était hier, son épopée : « J’ai décroché la médaille d’argent lors des Championnats d’Afrique d’haltérophilie tenus en Égypte, en 1978 », dans sa catégorie fétiche, soit les -56 kg. Par la suite, il obtient la 5e place aux Championnats du Commonwealth à Edmonton, au Canada. Mais le plus beau reste à venir…
Il n’avait pas d’adversaires aux deux premières éditions des Jeux des Îles. Seul sur le podium, en 1979, il n'y avait qu’un téméraire de l’île-soeur face à lui, en 1985. « J’ai décroché l’or à chaque fois », lance-t-il, sans oublier l’apport du coach russe Valeri Samouelov.
Âgé de 75 ans, Philippe Wai Ping est un ancien enseignant de l’histoire au collège St-Joseph. Aujourd’hui, il se la coule douce à Morcellement Raffray, à Terre-Rouge. Il habite la région depuis 1980. Il a quatre petits-enfants, qui « font plusieurs sports, à commencer par le tennis, la natation, l’équitation et d’autres activités », précise ce grand-père gâteau.
Pour garder la forme, Philippe Wai Ping s’adonne à la marche.