Une sortie en montagne se fait généralement en groupe. Pour le plaisir, le partage, l’ambiance, mais aussi pour être secouru en cas de pépin. Or, un dimanche, notre journaliste a bravé, seul, les flancs, pentes et sentiers de la montagne du Pouce.
C’est à partir du village au nom fruité de Petit-Verger que j’ai entrepris ce périple. J’ai pris cinq heures pour grimper et descendre cette magnifique fierté de la nature, du pays du dodo, sur un parcours de huit km. Le soleil brillait gracieusement dans un ciel bleu azuré. Le terrain était praticable, sec et parfois assez dur. Une trentaine de téméraires ont décidé de passer, comme moi, leur journée dominicale dans la nature.
Mon sac à dos et mon appareil photo ne me gênaient pas trop dans ma démarche, sportive d’abord, journalistique surtout. Après quelques mètres seulement, j’ai rencontré un … ange ! Une petite fille de deux ans était portée par son père. « Nous sommes en vacances à Maurice. Nous en profitons pour conquérir cette magnifique création de la nature », indique notre interlocuteur. Après la prise de quelques photos, on est monté … d’un cran, pour rencontrer de jeunes randonneurs, enthousiastes. « On a fait un bout de trajet, pour pouvoir monter sur Le Pouce, entre amis. J’adore ces sorties en pleine nature », a dit Jyotee, une pimpante jeune femme, qui habite à Petite-Rivière. Au fur et à mesure que j’escaladais la face Saint-Pierroise du Pouce, je me suis laissé envahir par la luxuriante verdure, la tranquillité absolue, dérangée seulement par le gazouillement des oiseaux colorés, en débandade dans les vallées aux alentours. Toutefois, la furtive apparition d’un lièvre, me ramèna à la … belle réalité !
Au sommet du Pouce
Il est 11H30 quand j'ai négocié, en solo, ce qui est la partie la plus dure et aussi la plus risquée de cette ascension. À vingt mètres du sommet, il y a une pente abrupte, pas trop commode. À cet endroit, tout faux pas peut avoir de graves conséquences. Comme moi, la douzaine de jeunes qui voulaient aller jusqu’au bout de cette aventure, qui plairait à Baden Powell, est parvenue à atteindre le sommet du Pouce.
À ce stade de l’escalade, je me sentais encore débordant d’énergie. Car mon habituel copieux petit déjeuner me permettait de tenir neuf à dix heures. La quinzaine de personnes, qui se sont retrouvées au même moment sur le sommet du Pouce, ont décidé de déjeuner. Comme je suis le plus âgé, journaliste de surcroît, elles voulaient toutes m’offrir à manger et à boire. J’ai opté pour quelques gorgées d’orangeade, alors que l’Ukrainien Bogdan Skrypnyk et un groupe d’étudiants dont il était le chef, cassaient la croûte.
La source Z
Les vues lointaines, les étendues de forêts, la mer qui ceinture cette île volcanique, me coupaient littéralement le souffle, alors même qu’une brise passagère, venant du sommet voisin, le majestueux Pieter Both, me caressait les cheveux. Quelques photos, plaisanteries et blagues, plus tard, peu avant 13 heures, nous avons pris le chemin du retour. Sauf que, cette fois, on passera par le versant du Tranquebar, réputé plus dur.
Curieusement, la descente était moins facile que la montée ! Car les sentiers sont étroits, recouverts de broussailles épineux et peuplés d’insectes. Une colonie d’abeilles bourdonnait autour d’un Acacia de Manille, menaçante et protectrice à la fois. Je me glissais tranquillement, pour éviter une attaque spontanée, jusqu’à la source Z. Pratiquement seul au monde, je me rafraîchis avant de poursuivre ma route quand, soudain, je me retrouvais au sol dans un passage boueux. Sans gravité heureusement.
Alors que le soleil de la capitale brillait de mille feux et que la température montait, un jeune couple, venant du pays de Johan Cruyff, nous croise.
« It’s tough uphill », lançait le jeune Néerlandais, sous le regard approbateur de sa compagne. Nous les avons encouragés à descendre par Saint-Pierre, par un parcours plus commode. La descente vers Port-Louis, m'a laissé finalement quelques douleurs aux pieds, car le terrain est sec, rocheux et a une forte déclivité.
Bon à savoir
Il faut au grimpeur un minimum de condition physique. Il doit aussi porter des baskets, avoir une tenue sportive et prévoir une protection contre le soleil (lunettes, chapeau, crème). Il est essentiel de prévoir aussi un ravitaillement (fruits, chocolat noir, eau plate).