
Une tournée dans ces localités du Sud nous ramène à la dure réalité quotidienne. Contraire à la version carte postale, à Bois-des-Amourettes, Ville-Noire, Mahébourg, Cité La Chaux et Beau-Vallon, l’abandon est manifeste. L’état lamentable de la plupart des infrastructures sportives saute aux yeux.
À Bois-des-Amourettes, tout ou presque, tourne autour de l’école primaire de ce bled côtier. « Les enfants, surtout pendant la récréation, apportent un peu de vie et de joie dans ce coin perdu », explique Anne-Christèle Charmante, une mère de famille.
Effectivement, il n’y pas grand-chose pour nos sportifs. Un terrain de football, ne disposant ni de lumières, ni de marquage et sur lequel les herbes envahissantes continuent à s’étendre avec des buts sans filets qui, certes, n’attirent aucun amateur du ballon rond. À un jet de pierre plus loin, face à la plage, le minuscule boulodrome est lui aussi dépourvu d’éclairage. Et quoi dire sur le centre communautaire qui n’a rien pour les indoor sportspersons.
Notre itinéraire nous mène à Ville-Noire à la rencontre d’un groupe de boulistes. Antonello Bignoux, accro de la boule de fonte, se porte en éclaireur: « Je suis un travailleur social de Ville-Noire et l’un des champions de la pétanque. Ici, dans notre village, les sportifs ont pas mal de soucis. D’abord, notre seul terrain de pétanque est dans un état lamentable. »
Ensuite, nous avons constaté de visu un jardin d’enfants morne et désolant, la proximité du boulodrome avec des maisonnettes en décrépitude et un sub-hall… vide. Comme quoi les autorités ont laissé, dans le noir, cette ‘ville’.
Mahébourg : des personnes fortes et courageuses
Nous avons rencontré une ancienne gloire sur le terrain de Beau-Vallon. Ex-Racingman et international de Maurice, Quéland Tombé s’occupe des jeunes des régions du Sud en tant que technicien du football. « Comme vous voyez, ils sont une trentaine d’adolescents, dont des filles, qui font partie de l’école de foot. Nous avons appris que l’un des deux terrains de Beau-Vallon (Ndlr : les deux terrains sont en juxtaposition) sera reconverti en un centre IVTB. Dommage pour les footballeurs de la localité », clame cet ex-milieu de terrain. D’autre part, nous avons noté que les herbes folles ont envahi une partie du terrain, sans lumière évidemment. Mais les problèmes, d’ordre administratif et infrastructurel, n’influent aucunement l’insouciance et la nonchalance qu’affichent ces petits Neymar, Kane, Coutinho ou Pogba en devenir.
Mais l’espoir se trouve à Mahébourg. Dans un hall flambant neuf, il y a plusieurs jeux de société, surtout un ‘babyfoot’ qui attire les adolescents. « Il n’y a pas mal d’activités qui sont organisées sur une base régulière. L’enthousiasme est là », soutient le préposé au sub-hall.
Téméraires basketteurs
Le mieux reste à venir, avec la Dolphin’s Wheel Chair Sports Association. Comme son nom l’indique, ces téméraires basketteurs se la jouent dans leurs fauteuils roulants. Christophe Duvergé, Kamal Ramdass, Jean-Claude et Kavish Joy ne ratent presque jamais leur partie de basket. « Sans nous plaindre, il faut voir dans un proche avenir la possibilité d’avoir un gymnase. » En ce mardi après-midi, les quatre mousquetaires sont déjà en poste. Ils attendent encore deux autres partenaires pour démarrer le premier set d’une partie de basketball. « C’est incroyable la confiance que le sport vous fait entretenir », avise Jean-Claude, ring leader.
À Cité La Chaux, les jeunes déplorent l’absence d’un terrain de foot. « Isi, nous batt bate lor koltar », déclare Bernie Toquet, un jeune étudiant en Form VI. Et pour cause, le terrain de volley-ball a été converti en celui de football. Des poteaux de fortune et un ballon à peine gonflé font tout de même le bonheur d’un groupe de jeunes.
Manque de civisme
Au conseil du district de Grand-Port, un cadre nous a indiqué : « C’est vrai qu’à Maurice, il y a un gros problème de gestion des infrastructures. Pas seulement dans le district de Grand-Port, mais partout et c’est ainsi. Il y a non seulement des contraintes financières, mais aussi le manque de civisme des habitants. Toutefois, il va falloir mettre en place une politique nationale pour mieux entretenir les infrastructures. »