La croisade menée par les Réunionnais pour que l’article 7 de la Charte des jeux soit amendé n’a pas été vaine. Des amendements ont été apportés lors de la réunion extraordinaire du Conseil International des Jeux qui a eu lieu mardi à l’hôtel Hennessy Park, à Ebène.
Après des discussions houleuses lors de la réunion annuelle du Conseil international des jeux (CIJ) en mars dernier, La Réunion avait menacé, en avril, de boycotter la 10e édition des Jeux des Îles, qui se tiendront à Maurice du 19 au 28 juillet 2019. Tout est rentré dans l’ordre, car le CIJ a amendé la Charte des Jeux mardi dernier, sur une motion réunionnaise, secondée par Maurice.
Les Réunionnais ont enfin vu la lumière au bout du tunnel. Lors de la réunion extraordinaire du CIJ, le mardi 12 décembre, les membres ont voté un amendement à l’article 7 (voir hors-texte). Les sportifs aspirants à participer aux Jeux des Îles de l’océan Indien 2019 ont jusqu’à juillet prochain pour être licenciés dans leur pays.
En mars de cette année, une première tentative de La Réunion d’amender la Charte s’était heurtée à une forte opposition (5-1) lors de la réunion annuelle du CIJ. L’île Sœur contestait le fait que l’article en question ne s’applique qu’à Mayotte et à elle. Devant la position initiale du CIJ, les Réunionnais avaient annoncé en avril qu’ils boycotteront les Jeux si une solution n’était pas trouvée avant la fin de cette année.
L’affaire étant désormais réglée, Monique Cathala, président du Comité régional olympique et sportif (CROS) de La Réunion, se réjouit de ce dénouement.
« Au mois de mars, lorsque nous avons expliqué notre position, on nous a mal compris ou on ne nous a pas pris au sérieux. La Réunion a campé sur sa position, car on estimait que l’article 7 qui était applicable qu’aux sportifs réunionnais et mahorais, était injuste et discriminatoire », indique-t-elle.
Inquiétude
La présidente du CROS de la Réunion souligne que tous les membres sont maintenant sur un même pied d’égalité. « La Réunion en sort gagnante, mais on est tous gagnants au final », précise-t-elle. Et d’ajouter : « Les sportifs réunionnais seront bien présents. Nous sommes dans le starting-block. J’ai hâte de rentrer afin de pouvoir réunir tous les comités et débuter la préparation à tous les niveaux. Nous promettons du beau spectacle lors de cette 10e édition des Jeux des îles. »
Dans le camp mauricien, l’amendement à l’article 7 ne fait pas l’unanimité. Le président de la Mauritius Amateur Weightlifters and Powerlifters Association (MAWPA), Poorun Bhollah, souligne ce qui, selon lui, s’apparente à un avantage pour La Réunion. « Il ne faut plus être natif de l’île désormais. Par exemple, les sportifs en métropole, qui ne figurent pas dans la sélection de l’équipe de France, pourraient se présenter aux Jeux des Îles dans l’équipe réunionnaise. Dans certaines disciplines, cela pourrait jouer contre Maurice », précise-t-il.
Le président de la MAWPA souligne qu’il faut bien étudier le cas avant les JIOI. « Les ‘policy makers’ doivent analyser la situation et voir comment nous pouvons bénéficier de cet amendement », précise Poorun Bhollah.
Quant à Hedley Han, président de la Fédération mauricienne de basket-ball (FMB), il estime que cela permettra de rehausser le niveau des JIOI et de la discipline à Maurice. « Tout le monde doit désormais appliquer les mêmes règles. Que La Réunion ait des joueurs de la métropole dans leur équipe ne sera pas une chose nouvelle. Cela aidera à rehausser le niveau. C’est une bonne chose. Même pour Maurice, nous avons trois joueurs évoluant en France, une joueuse à La Réunion et deux en Suisse. Nous allons évidemment devoir respecter la Charte des Jeux. Au final, cela aidera la sélection mauricienne à progresser », explique le président de la FMB.
Ibrahim Ben Ali : «Les Comores ne bouderont pas les Jeux»
Tous se rappellent de la volte-face des Comores lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) de 2015 à La Réunion. La délégation Comorienne avait quitté la cérémonie d’ouverture après que les sportifs de Mayotte aient défilé derrière le drapeau français.
Cela ne risque pas de se répéter en 2019 à Maurice assure, Ibrahim Ben Ali, président du Comité olympique des Comores. « Les Comores ne bouderont pas les Jeux. Les choses sont différentes. Il y a eu l’incident concernant l’attribution de l’organisation des 10es Jeux, mais cela est derrière nous. On apprécie l’effort qui est consenti pour que toutes les nations se sentent à l’aise au sein du CIJ. On a été présent à toutes les réunions et les conditions sont réunies pour que les Comores participent au Jeux de 2019 », déclare Ibrahim Ben Ali.
Mayotte sous la bannière du CIJ
Pour que le litige des Jeux des Iles de 2015 ne se répète, les sportifs mahorais utiliseront le drapeau du CIJ notamment pour le défilé et la cérémonie de remise des médailles. « Le plus important est que nos athlètes ne manquent pas les Jeux des Iles. Participer sous le drapeau de la France ou du CIJ ne changera rien pour nous. », précise le dirigeant mahorais Issouf Mouhamadi.
Article 7 (amendé) : Condition d’admission des îles
7.1 Seules les îles membres du CIJ sont invitées à participer aux JIOI. Pour être admis aux Jeux des îles de l’océan Indien, tout concurrent doit :
7.1.1 Avoir la nationalité de l’île et avoir été licencié dans l’île au moins douze mois ;
7.1.2 Respecter les conditions de la Charte Olympique relatives à la participation aux Jeux Olympiques et leurs textes d’application (code d’admission et nationalité) ;
7.1.3 Satisfaire les règles des fédérations internationales en relation avec la limite d’âge ;
7.2 Tout concurrent ayant acquis la nationalité de l’île doit avoir été licencié dans une discipline sportive au moins douze mois avant la date d’ouverture des Jeux.
Ancien Article 7
1. Seules les îles membres du CIJ sont invitées à participer aux JIOI. Pour être admis aux Jeux des îles de l’océan Indien, tout concurrent doit :
a) Respecter les conditions de la Charte Olympique relatives à la participation aux Jeux Olympiques et leurs textes d’application (code d’admission et nationalité) ;
b) Satisfaire aux conditions des règles des fédérations internationales.
Toutefois, les concurrents qui ont acquis la nationalité de l’île dans les six mois précédant la date d’engagement nominatif, doivent avoir été licenciés au moins 1 an avant la date d’ouverture des Jeux dans une discipline sportive de l’île pour laquelle ils concourent,
2. En outre pour la Réunion ou Mayotte, le sportif doit répondre à une des conditions suivantes :
a) Être natif de l’île ;
b) Être licencié auprès du mouvement sportif de l’île durant trois années civiles continues incluant celle des Jeux ;
c) Avoir été licencié au moins cinq ans dans l’île.