Au féminin - Bernadette Perrine : après 25 ans d’éclats elle lorgne la sortie sans toutefois jeter l’éponge

L’athlète Bernadette Perrine, spécialiste des lancers, songe à mettre fin à sa carrière longue d’un quart de siècle. L’originaire de Rodrigues voudrait se convertir en entraîneur sportif professionnel, possiblement après sa dernière participation aux Jeux des îles de l’océan Indien en 2019.

Bernadette Marie Christine Perrine a vu le jour le 18 février 1975, à Vanguard, Rodrigues. Encore enfant, l’aînée du couple Srensonny et Marie Claudette avait l’habitude de lancer tout ce qui lui tombe sous la main. « Au juste, je lançais des objets au lieu de simplement les remettre ; je courais quand il fallait marcher et je sautais quand un simple effort aurait suffit », se rappelle la doyenne des athlètes de haut niveau.

Peu portée pour les études, elle a quand même fréquenté l’école du gouvernement ‘Des Lascars’, avant d’être admise au collège Maréchal. Elle avait 10 ans lorsque l’entraîneur français Jacques Dudal et le technicien mauricien Joël Sévère lui ont fait simuler un lancer avec un bambou ! « À l’issue d’un exercice de détection, ils m’ont dit que j’avais le profil d’une bonne lanceuse », raconte-t-elle. Depuis, elle ne s’est jamais arrêtée. Toutefois, elle a fait des courses, d’où ses qualités de sprinteuse d’avant-lancement, avant de vraiment épouser sa discipline de prédilection.

À 15 ans, elle décroche une bourse d’étude-sports pour Maurice, après un brillant parcours aux Jeux de Rodrigues. Cela a été quelque part un déclic vers le haut niveau avec la logistique dont on dispose à Maurice. « J’ai été admise au collège Eden de Rose-Hill. Lors des compétitions régionales, inter-collèges ou internes, mes adversaires ont vu du feu », dit-elle dans un éclat de rire. Que ce soit lors des inter-collèges, des régionaux ou inter-îles, cette adepte de la mode de vie rastafarienne a toujours dominé ses plus rudes adversaires.

Depuis, elle a souvent dominé ses concurrents, lors des compétitions internes. « Au fil des années, le Stade Germain Commarmond était devenu mon deuxième domicile », dit-elle. Cette fan de Blakkayo et de Bob Marley totalise six participations aux JIOI et un palmarès de 10 médailles, dont deux en or récoltées. De plus, la Nordiste est détentrice de deux records nationaux, soit une lancée de 54m57cm au javelot et 13m79 au poids. Pour le dernier record, c’était lors des Jeux de la Francophonie de 1997.

Si, selon toute probabilité, Bernadette Perrine mettra fin à sa carrière d’athlète de haut niveau en 2019 à l’issue des JIOI, elle songe déjà et en toute quiétude à ce qu’elle fera après. « Actuellement, je bosse en tant que ‘handy-woman’, femme à tout faire, au sein du Mauritius Sports Council (MSC). Je suis aussi entraîneuse de lanceurs et de lanceuses. Je compte parfaire mes connaissances en tant que telle et me lancer dans une carrière professionnelle », nous dit Bernadette Perrine, qui est une grande fan de Manchester United.

Sa famille

Résidente de Baie-du-Tombeau, ‘Sister Jah’ est divorcée. Elle vit avec ses trois enfants, tous étudiants dont deux sont des sportifs prometteurs. L’aînée Maëva, 18 ans, attend les résultats du SC. La cadette Aniya, 15 ans, pratique la lancée, à l’image de sa maman, alors que Dwayne, 12 ans, a craqué pour le tatamis. Il est judoka. « Nous ne vivons pas dans l’opulence. Mais nous vivons bien et plus important, nous formons une famille heureuse, unie et qui croque la vie à pleines dents », avance notre lanceuse.

Chrétienne ‘rastafarienne’

Sa créolité et ses ‘dread locks’, ne passent pas inaperçus. « Je suis chrétienne de par mes croyances et ma foi. Socialement je suis rastafarie. Mon modèle reste le Christ », nuance cette catholique romaine. Dans la foulée, elle révèle avoir été végétarienne pendant six ans et qu’autrefois, elle fumait du cannabis.

Elle adore … manger

Avec ses puissants muscles, sa force et ses contraintes d’athlètes, Bernadette Perrine a un fort bel appétit. « Depuis toute petite, j’adorais manger tout court. Ce qui est une nécessité biologique est pour moi un plaisir », tranche la quadragénaire. Effectivement, elle ne rate jamais son grand plat de riz accompagné de beaux morceaux de la viande avec des légumes et de beaucoup d’eau.