Résidence Briquetterie, c’est notre destination de cette semaine. Une petite poche régionale qui se trouve juste derrière la fameuse route Nicolay, à Sainte-Croix. Avec des rencontres sportives les unes plus intéressantes que les autres.
Déjà, après avoir parcouru les premières ruelles de la Résidence Briquetterie, le ton est donné. Des gamins s’adonnent au sport roi, le football. Un football de rue qu’on croyait révolu. Mais ô que non, la fibre est toujours là. Pas de savates ou de rochers tenant lieu de poteaux de but. Le tout c’est d’avoir le ballon et de dribbler dans tous les sens. Un peu plus loin, des fillettes s'attèlent au jeu de la bicyclette.
Avec mon guide, Jean Hugues Zamore, habitant de la région, c’est la première halte. Il crie à tue-tête : « Michaël, Michaël. » Et, au pas de sa maison, Michaël Simiss, père du champion de kick-boxing, Butland Simiss, nous invite à l'intérieur de sa maison. On lui demande des nouvelles de son fils. Et là, on peut lire le désarroi sur son visage. « Butland a laissé tomber le kick-boxing depuis presque deux ans. Le découragement a fini par avoir raison de sa passion pour ce sport. Le sport s’avère non-rentable. Imaginez tous ces sacrifices en termes d’achat d’équipements que nous, les parents, ont dû faire. Les sacrifices de Butland lui-même. Il y a eu ces belles promesses de l’ancien gouvernement. Mais quand mon fils a réalisé les prouesses qu’on connait au niveau mondial, le gouvernement n’a pas tenu sa parole. Un exemple, le lopin de terre promis, mon fils l’attend toujours », nous dit-il.
Avant d’ajouter : « On aura beau avoir tous les infrastructures qu’il faut s’il n’y a pas d’encadrement, tout est fichu. C’est ce que je reproche aux responsables de notre sport aujourd’hui. On a eu en Michaël Glover quelqu’un qui s’y connaissait. Depuis son départ, il manque ce petit plus à notre sport pour décoller. » Mais tout n’est pas si noir que cela. Il y a aussi de bonnes nouvelles. La première, c’est que Butland Simiss se prépare à faire un retour dans l’arène du kick-boxing.
Et la deuxième et la plus importante : c'est que les jeunes de Résidence Briquetterie savent que le sport est l’antidote par excellence contre les fléaux de la drogue chimique et synthétique, qui font des ravages considérables à travers le pays.
Après avoir dit au revoir à Michaël Simiss, on met le cap sur la zone d’espace vert cinq minutes plus loin. Le Centre Sir Charles Gaëtan Duval est la première infrastructure qu’on aperçoit. C’est là que, trois fois la semaine, les jeunes s’adonnent au judo les après-midis. Ce centre est bel et bien le premier joyau de Résidence Briquetterie. Daniel Emilien, ancien adjoint-maire de Port-Louis et travailleur social, mais aussi habitant de la région, abonde, lui aussi, dans le sens de l’encadrement.
« On a le Centre et un terrain synthétique, c’est très bien, mais ce n’est pas suffisant. Il faut faire encore plus. Et, pour cela il faut que les forces vives de Résidence Briquetterie unissent leurs forces. Et il nous faut aussi des moyens financiers pour développer davantage le sport dans la région. »
À Résidence Briquetterie, le nom de Tony François résonne toujours quand on parle de sports. Avant de prendre connaissance du parcours qu’on lui connait dans le paysage du football mauricien, Tony a fait ses premiers pas sur ‘la plaine l’école’ de Résidence Briquetterie. « Il y a un manque d’activités. Et, à Résidence Briquetterie, il existe de vrais et bons talents comme partout ailleurs. Il faut encore et encore promouvoir le football, construire la base. Il ne faut pas oublier que si le football meurt, la société aussi meurt avec », nous avance l’entraîneur champion en titre.
Entretemps, ‘la plaine l’école’ a laissé la place à un terrain synthétique éclairé et flambant neuf. C’est notre prochaine halte. Juxtaposé au Centre, ce terrain est bondé de gosses. C’est samedi et ils ont quartier libre. J’en profite pour taper dans le ballon avec eux une dizaine de minutes. Dribbles, passements de jambes, pied gauche, pied droit, certains sont de très bons éléments, dont un certain Ezéchiel Brasse qui retient mon attention. J’ai flairé le bon filon. Il fait partie de l’Académie de Bolton City. Comme lui, d’autres font partie de cette pépinière qui certes, en hibernation, mais qui ne demandent qu’à exploser. Sportivement parlant.
Que faut-il pour permettre cette explosion ? Si certains parlent d’un meilleur encadrement, d’autres disent que cela nécessite une plus grande volonté politique. Tout en avouant que l’actuel adjoint-maire, Daniel Laurent, n’est non seulement à l’écoute de leurs doléances à ce sujet, mais qu'il agit aussi promptement.
Aurore Perraud, députée de la circonscription dont fait partie Résidence Briquetterie, se dit ravie et consciente que cette région est bourrée de talents. « Le sport, j’en ai fait mon cheval de bataille auprès des jeunes. Pas seulement à Résidence Briquetterie, mais aussi à Batterie Cassée, La Cure, entre autres. Mon rêve d’avoir un terrain synthétique de football dans cette région s’est réalisé. Il faut que les jeunes se lancent à fond dans le sport. À notre niveau, peu importe l'appartenance politique, il nous faut valoriser ces jeunes et les encadrer. Trouver des sponsors pour qu’ils aient les équipements pour pouvoir s’entraîner et faire de la compétition. Participer dans l’organisation des tournois. C’est le salut pour diminuer les fléaux sociaux. »
Une bonne conclusion, pourvu que tous les acteurs concernés par le sport de masse se dirigent dans la bonne direction. Résidence Briquetterie est un bel exemple, afin que cette belle pépinière sorte enfin de son hibernation.
Ezéchiel Brasse : Footballeur d’avenir
Attaquant doté d’un pied gauche magique, Ezéchiel, 12 ans, parvient à allier sports et études. En Grade 7 à l’école Père Laval, il fait partie de l’Académie de football de Bolton City. Ezéchiel a aussi le football dans le sang, car il n’est rien d’autre que le frère de Fabrice Brasse, qui évolue actuellement comme numéro 10 de Bolton City chez l’élite. Il convient de noter que son papa a aussi porté les couleurs de la Fire Brigade, il y a bien des années.
Nick Fortuno : Judoka en puissance
Fort de corpulence pour ses 15 ans, Nick joue au football par plaisir, mais sa tasse de thé c’est le judo.
Et, trois fois la semaine, il s’exerce sous la tutelle de Jean-Noël Bardot au Centre Sir Charles Gaëtan Duval. Son rêve c’est de représenter le pays un jour sur le tatami. Il travaille dur depuis huit ans pour atteindre cet objectif.