Ce 8 mars, le monde entier célèbre la femme. Sheila Seebaluck, le Chief Executive Officer (CEO) du Trust Fund for Excellence in Sports et ancienne athlète, s’exprime sur la condition de la sportive mauricienne. Elle explique ce qui empêche le progrès vers le haut niveau.
En cette Journée internationale de la Femme, attardons-nous sur le sort des sportives mauriciennes. Votre avis ?
Il n’est pas différent de celui de leurs homologues masculins. À l’époque, j’étais la première récipiendaire du titre de ‘Sportive de l’Année’ et j’ai reçu Rs 5,000 comme prix. Le meilleur sportif en a obtenu le double ! De nos jours, les deux sont sur un pied d’égalité. On a compris que l’effort est le même tant pour l’homme que pour la femme.
Pourquoi peu de sportives parviennent à pratiquer du sport de haut niveau à Maurice ?
Les temps ont changé. La Mauricienne a beaucoup plus d’opportunités. Elle est indépendante. De ce fait, elle pense davantage à sa carrière professionnelle plutôt qu’à réussir dans le sport de haut niveau. Le sport ne nourrit pas son homme… ou sa femme. C’est pour cela qu’il faut penser à l’après-carrière. C’est ce que nous sommes en train de faire au Trust Fund for Excellence in Sports (TFES).
C’est la faute à qui si la situation est ainsi ?
Je ne blâme personne. Il faut tirer des leçons de nos erreurs. L’État octroie des bourses, construit des infrastructures et offre des facilités. Ce sont aux sportifs d’en profiter. Notre société est encore patriarcale mais nous avançons quand même.
Votre record du 800 m (2.03.62) date de juillet 1988. En y pensant, ressentez-vous de la fierté ou de l’inquiétude par rapport au niveau ?
Les deux ! Je suis fière d’avoir réalisé une telle performance, il y a 30 ans, qui n’a jamais été égalée jusqu’ici malgré toutes les facilités dont on dispose. Je suis triste aussi. La présente génération ne fait pas suffisamment d’efforts et les parents y ont leur part de responsabilité. Ces jeunes ont été grandis dans des cocons. La « génération internet » s’attend à tout recevoir sur un plateau. Il leur manque donc cette envie de se surpasser et de travailler dur.
Vous êtes à la tête du TFES. À quoi mesure-t-on l’excellence à Maurice ?
Il y a des critères définis. On se base sur les statistiques pour situer le niveau des sportifs et à partir de là, on leur fixe des objectifs à atteindre.
Malgré toutes les facilités, on a l’impression que le niveau stagne. Quand commencerons-nous à voir les premiers signes du progrès ?
Je crois qu’il faut changer notre manière de réfléchir afin de pouvoir progresser. Il est important de redéfinir une politique sportive qui satisfera les attentes et les intérêts de tout un chacun. Si on voit qu’il n’y a pas de progrès et qu’on continue quand même à faire les mêmes choses, rien ne va changer.