Il a vécu les différentes étapes de l’histoire du sport mauricien depuis l’indépendance en 1968. Michael Glover, l'un des architectes de la première législation sur le sport local, en 1984, décrie un manque de vision au cours de ces dernières années.
« Le sport mauricien a besoin d’un nouveau souffle. Il faut qu’il soit repensé », déclare celui qui a occupé le fauteuil ministériel de la Jeunesse et des Sports pendant 13 ans. En retrait de la scène sportive depuis le non-renouvellement de son contrat comme Chief Executive Officer du Trust Fund for Excellence in Sports, il suit avec un intérêt particulier l’actualité dans ce domaine à Maurice.
Pour l’ancien professeur d’éducation physique du collège St-Esprit, le sport local aurait dû atteindre un niveau supérieur. « Nous faisons du sur place. La prochaine médaille olympique ou encore une finale aux Championnats du monde en athlétisme n’est pas pour demain. Il est grand temps de mettre en place une politique sportive bien définie. Le fait que les dirigeants sportifs du pays ne veulent pas voir plus loin que le bout de leur nez cause énormément du tort au sport. On ose se vanter de quelques résultats sur les plans africain et international, mais c’est l’arbre qui cache la forêt », fait-il ressortir.
Dans la foulée, Michael Glover s’insurge contre certaines mauvaises décisions, dont le démantèlement de certaines structures de formation, qui produisaient pourtant des résultats. « On préfère reculer qu’avancer. On ne détruit pas un système qui fonctionne. Bien au contraire, on le redynamise, on l'innove pour qu’il soit plus performant. C’est la même chose pour les Jeux de l’Avenir et les Jeux de l’Espoir. On a changé pour une formule qui ne marche pas. Auparavant, on avait plus de 12 000 participants pour une telle manifestation », souligne-t-il.
Par ailleurs, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports croit que le sport mauricien peut encore se refaire une santé. « Pour cela, il faudra élaborer un plan d’action à court, moyen et long termes. Il est impératif de revoir les différentes structures que nous disposons, en créer d’autres, et investir davantage dans le sport. Nous avons des sportifs qui ont d’énormes potentiels, mais il faut les encadrer ; mettre les moyens à leur disposition pour qu’ils puissent progresser. Il faut également se concentrer davantage sur le niveau mondial ;
se projeter à l’étape professionnelle. Il faut constamment solliciter l’expertise étrangère si nécessaire », souligne Michaël Glover.
Tout de même, l’ancien footballeur reconnaît que le sport mauricien a beaucoup évolué en 50 ans d’indépendance : « Il y a des développements à plusieurs niveaux. Nous disposons d'infrastructures sportives aux normes internationales. Maurice a relevé plusieurs défis de taille en organisant des compétitions internationales. Nous sommes présents dans les grands rendez-vous mondiaux. Et les retraités touchent désormais une pension. »
Michael Glover n’a qu’un souhait pour les célébrations des 50 ans de l’indépendance : que le sport mauricien renaisse de ses cendres.
Le sport et l’indépendance
Un demi-siècle de passion et d’exploits
En 50 ans d’indépendance, Maurice a vécu des moments forts en sport, que ce soit sur ses terres ou à l’étranger. Hommage à ces hommes et ces femmes qui ont fait honneur au quadricolore et qui ont procuré bien du bonheur à des milliers de fans.
Ancrés dans l’Histoire
- Bruno Julie a écrit son nom en lettres d’or dans l’histoire du sport mauricien en remportant une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de 2008 à Pékin. C’est la toute première médaille olympique de l’île Maurice. Même si Bruno Julie a décroché l’or aux Championnats d’Afrique de 2007, à Madagascar, et l’argent aux Jeux du Commonwealth 2006, en Australie, sa médaille olympique reste pour l’heure inégalable.
- Judex Lefou est le premier médaillé d’or mauricien (110m haies) aux Jeux d’Afrique. Il s’était illustré en 1987 à Nairobi, Kenya, avant de récidiver quatre ans plus tard au Caire, en Égypte.
- Spécialiste des courses de demi-fond, Maryse Justin a marqué sa génération. En onze ans, de 1981 à 1992, elle a accumulé les records dans pas moins de huit épreuves, dont le 5 000 m, le 10 000m, le marathon et le semi-marathon. Elle est décédée d’un cancer en 1995.
- L’ancien boxeur Richard Sunee est le seul Mauricien à avoir décroché une médaille d’or aux Jeux du Commonwealth. L’exploit avait été réalisé dans la catégorie des -54 kg, à Kuala Lumpur, Malaisie, en 1998.
- Stéphan Buckland a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de l’athlétisme. Il a disputé trois finales des Championnats du monde, en 2001 à Edmonton, en 2003 à Paris et en 2005 à Helsinki. Il a aussi pris part à à quatre éditions des Jeux Olympiques : Atlanta, 1996, Sydney, 2000 (demi-finaliste), Athènes, 2004 (finaliste) et Pékin, 2008 (demi-finaliste). En 2008, il avait remporté la finale mondiale de l'athlétisme à Stuttgart. Lors des Jeux de la Francophonie de 2001, il avait réalise un triplé historique, s'imposant sur 100 m, 200 m et au relais 4 x 100 m.
- Jonathan Chimier est entré dans l’histoire en devenant le premier Mauricien à se qualifier pour une finale olympique en 2004 à Athènes. Il avait pris la 10e place au saut en longueur.
- Eric Milazar a marqué son empreinte sur le continent africain avec trois titres de champion d’Afrique du 400m, soit en 2000 à Alger, en 2002 à Tunis et en 2004 à Brazzaville, Congo. Il a été médaillé d’or aux Jeux de la Francophonie à Beyrouth, au Liban. L’ancien spécialiste du tour de piste a également été finaliste des Championnats du monde où il a pris la 4e place à Edmonton en 2001 et la 6e place à Paris, en 2003. Aux Jeux Olympiques d’Athènes, en 2004, il avait atteint les demi-finales.
Ces moments inoubliables
- En remportant l’épreuve du 110 m haies, Sylvio Jatha avait offert à Maurice sa première médaille d’or des Jeux des îles de l’océan Indien, toutes disciplines confondues, en 1979 à La Réunion.
- Trois cyclistes mauriciens ont brillé sur le Tour de La Réunion. Gabriel Anazor avait créé l’exploit en 1975, puis Patrick Piat s’était illustré en 1984. 33 ans plus tard, Christopher Lagane a remporté l’édition 2017.
- Patrick Hamberland a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du cyclisme mauricien, en remportant le titre de champion du monde des petits pays (contre-la-montre individuel) en 1996 à La Havane, au Cuba. Il a remporté le Tour de Maurice à deux reprises (1996 et 1998).
- Joseph Mounawah a été le seul Mauricien à mettre son adversaire au tapis en finale des Jeux des îles de 1985. Les Réunionnais ont largement dominé, remportant huit des neuf finales.
- La sélection féminine de volley-ball de 1996 avait fait sensation lors des Championnats d’Afrique des Nations juniors en décrochant l’or. Les Mauriciennes avaient réalisé un véritable exploit en terre égyptienne. Elles s’étaient d’abord imposées face à la Tunisie en trois sets (15-12, 15-10, 17-16) et devaient impérativement battre le pays hôte pour accéder en haut du podium. Elles ont réussi à mettre à terre le pays des Pharaons en trois sets (15-13, 15-6 et 15-12).
Ils ont conquis le monde
Football… La belle époque
- Le Club M a remporté en deux occasions les Jeux des îles de l’océan Indien, soit en 1985 et en 2003. Il a été finaliste en 1990 et en 2011.
- La Fire Brigade compte 13 titres de champion de Maurice (1942, 1950, 1961, 1973, 1974, 1980, 1983, 1984, 1985, 1988, 1993, 1994, 1996).
- Le Sunrise FC a remporté le championnat en huit occasions (1987, 1989, 1990, 1991, 1992, 1995,1996 et 1997).
- Les Hindu Cadets, devenus par la suite Cadets Club, se sont illustrés à quatre reprises dans le championnat (1975, 1977, 1979 et 1986).
- Les Muslim Scouts (puis Scouts Club) ont été champions en 1976. Le second titre est arrivé en 1998.