Dans l’interview qui suit Philippe Hao Thyn Voon revient sur toute l’affaire d’attouchements sexuels qui a éclaboussé l’image du pays sur le plan international. Il ne cache pas que des tentatives ont été faites pour que l’affaire ne soit pas ébruitée, mais que les événements ont pris un cours diffèrent.
L’affaire Kaysee Teeroovengadum continue d’occuper l’actualité Lui demander de quitter son poste de secrétaire général n’était-il pas, au final, une question de temps ?
Mon principe est le suivant : quand il y a une allégation de cette nature, la personne visée doit quitter son poste. Cela pour la bonne marche de l’enquête. L’enquête au niveau de la police de Southport, est déjà à un stade très avancé. Nous prenons cette affaire très au sérieux. Nous avons déjà pris la décision de lui demander de ‘step down’ en tant que secrétaire général du COM. La majorité des membres du comité se trouve à Gold Coast. Je leur ai fait connaître ma position et le comité a ensuite décidé de la marche à suivre. Compte tenu de la gravité de la situation, nous avons demandé à Kaysee Teeroovengadum de quitter son poste de secrétaire général et ce jusqu’à la fin de l’enquête.
Le Comité olympique mauricien (COM) compte-t-il ouvrir une enquête à son niveau ?
En effet. Nous devons savoir comment une telle chose a pu se produire. Je l’ai moi-même dit haut et fort que nous devions tous être disciplinés et donner le bon exemple en Australie.
Quand la fille est venue me voir et m’a même dit qu’elle ne souhaitait pas porter plainte. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème et qu’il serait effectivement mieux pour l’image de Maurice que cela ne s’ébruite pas.»
Il se chuchote qu’il y aurait eu des tentatives de cover-up de votre part et de la part du COM. Le comité aurait-il essayé de protéger son secrétaire général ?
Il n’y a jamais eu de tentative de ‘cover-up’, comme certains peuvent penser. C’est l’intérêt de l’équipe mauricienne qui doit primer. Nous avons fait ce que nous avons pu pour que cette affaire soit réglée sans que cela ne débouche sur un scandale. Nous avons essayé de trouver un terrain d’entente avec toutes les parties concernées, mais cela n’a pas marché. Quand cette affaire est arrivée, la fille est venue me voir et elle m’a même dit qu’elle ne souhaitait pas porter plainte. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème et qu’il serait effectivement mieux pour l’image de Maurice que cela ne s’ébruite pas. Elle était d’accord, mais elle en a ensuite parlé avec le responsable de sa discipline, qui a informé la fédération à Maurice. A partir de là, les choses se sont enflammées. Il n’a jamais été question de ‘cover-up’ et nous laissons maintenant la justice suivre son cours.
Avez-vous demandé à l’ancien chef de mission de se rendre à la police ?
Quand la nouvelle est arrivée à Maurice, cela a pris une autre dimension. J’ai constaté que nous ne pouvions plus gérer la situation et j’ai suggéré à Kaysee Teeroovengadum de se rendre à la police pour leur faire part de ce qui se passe. Je dois également ajouter qu’en tant que chef de mission, il s’était même rendu à la réunion des chefs de mission et leur a annoncé l’existence de ce problème. Il a pris les devants et a toujours clamé son innocence. Pour ma part et au nom du COM, nous n’avons rien à cacher. Nous avons pris nos responsabilités et laissons maintenant la justice faire son travail. Nous avons respecté les droits de la fille, ainsi que la présomption d’innocence de Kaysee Teeroovengadum. Nous sommes neutres.
Kaysee Teeroovengadum a pu quitter l’Australie avec la bénédiction du COM. Il existe quelle garantie qu’il retournera à Gold Coast le 17 avril?
Nous avons vu que Kaysee n’allait pas bien. Son état de santé se détériorait à vue d’œil. Nous lui avons suggéré de quitter l’Australie et de revenir à Gold Coast pour se présenter en cour de Southport à 8h30, le 17 avril. Il a accepté et sait qu’il devra se présenter en cour. Le voyage sera pris en charge par le COM. Le comité fera les arrangements nécessaires afin que Kaysee Teeroovengadum puisse se présenter en cour. Cependant, je ne peux pas garantir sa présence. Il doit prendre ses responsabilités.
Les 100 dollars distribués aux athlètes font également polémique. Il se chuchotte au village que cet argent a été remis au lendemain des attouchements sexuels allégués en vue d’apaiser les tensions. Pourtant, avant de partir aucune distribution d’argent de poche n’était prévue ?
En général, c’est le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) qui se charge des ‘per-diem’. Le COM n’a pas donné de per diem, mais bien un cadeau le jour de pâques. Cet argent ne provient pas de la caisse du ministère, mais de celle du COM. Les Rs 2 millions du MJS ne sont jamais arrivés au COM. C’est l’argent destiné aux tenus officiels et pour l’achat de certains équipements. Les fournisseurs enverront leurs factures au COM et nous les transmettront au MJS qui paiera directement. Le cadeau du COM a été très bien accueilli par les sportifs. J’ai moi-même été très heureux de voir cette joie sur le visage des athlètes. C’était l’effet d’un cadeau d’un père à ses enfants.
L’affaire Kaysee Teeroovengadum n’aura-t-il pas d’effet négatif sur les athlètes mauriciens?
Nos athlètes présents à Gold Coast sont des sportifs de haut-niveau. Ils savent gérer des situations difficiles. J’ai eu l’occasion de discuter avec eux et il ne devrait pas y avoir de problèmes. Le COM a pris les dispositions qu’il fallait et comme tout le monde peut le voir, Kaysee Teeroovengadum n’est plus en charge du groupe et a laissé sa place à Richard Papier. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour le bien de nos athlètes.