Formellement accusé d’agression sexuelle à Gold Coast sur l’athlète Jessika Rosun, Kaysee Teeroovengadum devra comparaître devant la Southport Magistrates Court, à Queensland, le mardi 17 avril. Que risque le dirigeant sportif mauricien, s’il ne s'y présente pas ?
À la suite d'une déposition de Jessika Rosun, spécialiste du lancer de javelot, à la police de Queensland, le mardi 3 avril, Kaysee Teeroovengadum a été arrêté et libéré sous caution. L’ex-chef de mission du Club Maurice aux Jeux du Commonwealth a quitté l’Australie, le vendredi 6 avril et pris l’engagement de comparaître devant la Southport Magistrates Court le mardi 17 avril. Steve Gollchewski, Deputy Commissionner de la police de Queensland, avait expliqué que le délit reproché au Mauricien n’est frappé d’aucune interdiction de voyager ou de quitter le territoire.
Étant donné que le secrétaire général de l’Association mauricienne de volley-ball a été libéré sous caution, ce dernier doit comparaître devant le tribunal le mardi 17 avril. Au cas où Kaysee Teerovengadum ne s'y présenterait pas le 17 avril, le tribunal peut émettre un mandat (in accordance with his bail undertaking). Ce mandat peut être émis selon l'article 28 ou 28A de la Bail Act 1980 (QLD), ou l'article 367 de la Police Powers and Responsibilities Act 2000 (QLD) (PPR Act)). Daniel Plaiche, avocat de la Cour suprême de Victoria et de la Haute Cour de l’Australie, explique : « He must appear in Court. He is on bail. If he does not appear then a warrant may be issued against him to bring him before the Court. »
Selon l’homme de loi, si un mandat est émis contre une personne qui n’est pas sur le territoire australien, ce sera difficile à la police de l'arrêter. Ce sera donc à la police australienne de faire une demande d’extradition. Cela dépend évidemment de la gravité de l’affaire. La police de Queensland a déclaré « they were unlikely to seek extradition if the Games official failed to appear in Court ». Et de souligner : « Cela devient plus compliqué s’il n’y a pas de traité d’extradition entre les deux pays. évidemment, la personne concernée ne pourra plus mettre les pieds en Australie car elle sera arrêtée. »
Dans la foulée, Me Daniel Plaiche a fait ressortir que si une personne était jugée coupable pour agression sexuelle, elle risquerait une peine maximale de 10 à 14 ans de prison.
Kaysee Teeroovengadum : «Pas de commentaire»
Le principal concerné n’a pas souhaité faire de déclaration, malgré nos multiples sollicitations. « Je n’ai pas de commentaire à faire. »
Chronologie des événements
• Jeudi 29 avril : Lors de la prise d’une photo souvenir à l’occasion de la remise des équipements que Kaysee Teeroovengadum aurait fait des attouchement sur l’athlète Jessika Rosun.
• Samedi 30 mars : La lanceuse de javelot s’est confiée à Louise Brunette, responsable de l’équipe féminine d’athlétisme, de ce qui s’est passé le jeudi 29 avril. Cette dernière a informé Vivian Gungaram, président de l’Association mauricienne d’athlétisme, de cette affaire.
• Lundi 2 avril : L’ex-secrétaire général du COM a déposé une Precautionary Measure.
• Mardi 3 avril : Au tour de l’athlète Rosun de faire une déposition pour harcèlement sexuel et attentat à la pudeur contre l’ex-chef de mission du Club Maurice
• Vendredi 6 avril : Une charge formelle d’agression sexuelle est déposée contre Kaysee Teeroovengadum. Il a été arrêté par la police et s’est acquitté d’une caution. Il quitte l’Australie le même jour pour rentrer à Maurice.
Rouben Mooroongapillay, avocat de Jessika Rosun : « Le retour à Maurice, une stratégie bien élaborée »
Rouben Mooroongapillay, avocat de Jessika Rosun, ne croit pas que Kaysee Teeroouvengadum retournera en Australie pour faire face à la justice. « Depuis le début, j’étais en présence de renseignements que certaines personnes avaient conseillé à Kaysee Teeroovengadum de prendre vite l’avion pour rentrer à Maurice pour ne pas être retenu en Australie. Le retour de ce dernier a été une stratégie bien élaborée. Pourquoi devait-il rentrer alors qu’il devait se présenter au tribunal dans 10 jours ? Tous les membres de la délégation étaient couverts par une assurance médicale. Il pouvait donc se faire soigner en Australie. »
Aucun recours à Maurice
Jessika Rosun pourra-t-elle avoir recours à la justice mauricienne pour cette affaire d'allégation d'attouchement? Non, a priori, répond l’avocat Neil Pillay. « Le délit ayant été commis sur le territoire australien, cela concerne que la police et les autorités judiciaires de ce pays. La police australienne peut enquêter et voir s’il y a matière à poursuites. Par contre, la police mauricienne ne peut enquêter alors que les faits allégués se sont apparemment déroulés en Australie. Et cela même si les protagonistes sont des Mauriciens.»
Jessika Rosun : «J’ai porté plainte de mon propre gré»
La lanceuse de javelot s’est exprimée après sa compétition mardi. « J’ai dit toute la vérité. Je n’ai permis à personne de me toucher. J’ai porté plainte de mon propre gré. Cela a été très dur pour moi en tant que femme et en tant qu’athlète », a-t-elle déclaré sur Radio Plus. Elle a expliqué que Stéphan Toussaint, ministre de la Jeunesse et des Sports, lui avait accordé tout son soutien contrairement au Comité olympique mauricien. « J’ai été lâchée et délaissée. Les dirigeants du mouvement olympique auraient dû me soutenir, mais ne l’ont pas fait. Ils ont essayé de me convaincre de revenir sur ma décision pour ne pas ternir l’image de Maurice à ces Jeux du Commonwealth », souligne cette enseignante. Elle explique qu’elle connaît Kaysee Teeroovengadum depuis 2014 aux Jeux du Commonwealth, à Glasgow. « Il n’y a aucune relation entre nous. Ni même amicale », confie Jessika Rosun. L’athlète quitte l’Australie le mardi 17 avril.
Volley-ball : des dirigeants réclament son départ
Un groupe de dirigeants, avec comme chef de file Guito Lepoigneur, réclame que Kaysee Teeroovengadum step down de toutes les instances sportives locales et internationales.
« Kaysee Teeroovengadum doit step down de toutes les instances sportives desquelles il fait partie, que ce soit au niveau local ou international », déclare Guito Lepoigneur. Teeroovengadum occupe le poste de secrétaire général au sein de l’Association mauricienne de volley-ball (AMVB) et porte la casquette de président de la Zone 7 de l’Afrique. Il est aussi membre de la Commission africaine de volley-ball. « Il doit step down du fait qu’il y a une affaire devant la justice », insiste-t-il.
Joint au téléphone depuis l’Australie, Fayçal Bundhun, président de l’AMVB, a expliqué qu’il rencontrerait son comité directeur dès son retour au pays pour discuter de cette affaire. « Nous à prendrons une décision en vertu des règlements. »
Pour rappel, Kaysee Teeroovengadum a été démis de ses fonctions de secrétaire général du Comité olympique mauricien avec effet immédiat.