Reconverti en entraîneur, le plus grand sprinter de l’athlétisme mauricien tire aujourd’hui sur tout ce qui bouge. Il exhorte les gens à descendre dans la rue pour contester la hausse des carburants et se refuse à soumettre un certificat de moralité pour toucher sa pension d’ex-sportif. Stéphan Buckland s’explique sur ses prises de position.
Vous refusez de soumettre un certificat de moralité pour toucher votre allocation d’ex-sportif de haut niveau. Pourquoi donc ?
Comprenez une chose. Je n’ai pas refusé de recevoir mes allocations. Mais je refuse de soumettre mon certificat de moralité parce que c’est une condition ridicule. Lorsque je suis rentré des Jeux du Commonwealth en 2002, les politiciens s’étaient accrochés à moi pour prendre de la grandeur sur mes exploits. À cette époque, on ne m’avait pas demandé de certificat de moralité. Je suis un homme intègre, mon casier judiciaire est vierge.
Combien de temps allez-vous refuser de vous soumettre à cette condition ?
Cette somme (Ndlr, Rs 7000) n’est pas négligeable. Il y a des familles qui vivent avec bien moins que cela mensuellement. Je ne crache pas sur l’argent. Je le fais par principe, même si je cours le risque de ne jamais toucher mes allocations bien méritées.
Cette mesure pénalise des sportifs qui ont eu maille à partir avec la justice, comme Arnaud Casquette. C’est mauvais selon vous ?
Oui. Si Arnaud avait été soutenu par les institutions à la fin de sa carrière sportive, il aurait certainement connu un destin différent. Il n’est pas considéré comme un modèle pour le peuple, mais à l’opposé un député qui filme des gestes indécents sur son téléphone au Parlement reste en poste et continue à toucher son salaire. Quelle décision !
Vous êtes censé être un inspirateur, un « role model » pour les jeunes. En ne vous pliant pas aux règles, ne vous démarquez-vous pas de cette image ?
Je vais vous répondre plutôt par une autre question. Allez demander au ministre de la Jeunesse et des Sports pour quelle raison un de ses conseillers a dû rendre son tablier en quatrième vitesse. Demandez-lui si cette personne avait dû fournir un certificat de moralité avant d’être embauché? Je me demande aussi pourquoi quelqu’un qui a démissionné de son poste, continue à suivre le ministre comme son ombre lors de ses activités ?
Vous êtes réputé pour défier les autorités. Pourquoi cette attitude de rebelle ?
Je suis un citoyen libre, qui vit dans un état de droit. Donc, je peux m’exprimer librement sur les sujets d’actualité ou sur d’autres choses qui me concernent. Aussi longtemps que je reste loin des manifestations illégales ou encore que je ne fasse pas appel à la haine raciale, je ne vois pas pourquoi je dois garder ma langue dans ma poche.
Vous aviez posté une vidéo sur Facebook récemment où vous contestiez la flambée des prix des produits pétroliers. Est-ce à vous de le faire ?
Je suis libre d’exprimer mes sentiments sur ma page Facebook tant que je ne lance pas des attaques personnelles. Je ne suis guidé par aucun politicien pour le faire. À Maurice, la population aime son rôle de « lepep admirab ». Pas moi !