Raj Gaya ne contestera pas le rapport de la BWF.

Badminton – rapport de la Badminton World Federation : 1 million de dollars sur le compte de Raj Gaya

By . DefiSports Jeudi 06 Décembre 2018 Sports individuels O commentaire 0 views

Surfacturation, détournement de fonds, fabrication de faux documents et usurpation de signatures entre 2011 et 2017 : tout un mécanisme qui aurait permis au Mauricien Raj Gaya de gagner illicitement de l’argent destiné à autrui. Ce qui a mené, mercredi, à sa radiation de toutes les instances de badminton, à Maurice et à l’étranger.

Le rapport du Ethics Hearing Panel de la Fédération internationale de badminton, en date du 21 novembre 2018, est accablant. Raj Gaya se serait servi de sa position en tant que membre de la Badminton World Federation (BWF), de la Badminton Confederation of Africa (BCA) et de la Mauritius Badminton Association (MBA), pour faire verser plus d’un million de dollars sur son compte en banque à Maurice, faisant croire, entre autres, aux instances internationales que la Fédération de badminton locale n’avait pas de compte bancaire sur lequel on pouvait faire des transactions en devises étrangères. Sauf que tout l’argent reçu n’a pas été remis aux destinataires, dont la joueuse Kate Foo Kune, qui aurait perçu environ 17 000 dollars (environ Rs580 000) de moins pour sa préparation en vue de sa participation aux Jeux Olympiques de Rio en 2016.

Le document du panel d’éthique, composé de trois membres indépendants, fait part de 20 charges retenues contre le dirigeant mauricien, qui a été membre du conseil de la BWF de 1999 à mai 2017. En tant que secrétaire général de l’instance africaine, il était responsable de la gestion des fonds alloués par la Fédération internationale pour le développement du badminton sur le continent. C’est pendant la période de 2011 à 2017, lorsqu’il a siégé à la fois au sein de la BCA et de la Fédération locale que cette dernière était éligible à des allocations, qu’elle n’a pas toujours reçues.

Le mécanisme de la fraude

L’argent déboursé par la BCA à l’Association mauricienne de badminton durant les six années devait être utilisé pour l’achat d’équipements, pour l’organisation de tournois à Maurice, pour les différentes sélections qui participaient aux compétitions à l’étranger, pour les officiels, pour les instituteurs du primaire dans le cadre du programme « Shuttle Time » et pour les joueurs. Pour cette aide, la BCA a demandé que les copies des factures des dépenses encourues dans chaque contexte lui soient envoyées.

Mais le rapport de la BWF indique que Raj Gaya avait mis un système en place de sorte que l’argent destiné à la Fédération mauricienne était dirigé sur son compte personnel. Chipo Zumburani, qui est devenu trésorier par intérim de la BCA en 2014, a découvert cette astuce. Selon ses calculs, 1 098 906 dollars américains (environ 37 millions de roupies) ont été versés sur le compte de Raj Gaya entre 2011 et 2017. De cet argent, 154 039 dollars (plus de Rs 5 millions) étaient destinés à l’Association mauricienne de badminton.

En l’absence de reçus, la BCA a soulevé la question avec Raj Gaya. Ce dernier a alors soumis 18 documents à l’instance africaine entre 2015 et décembre 2016. Ces supposées preuves de paiements portaient la signature de Rajen Pultoo, secrétaire général de la Fédération mauricienne. Mais l’Ethics Hearing Panel de la BWF a conclu qu’aucune des factures n’était authentique et que la signature de M. Pultoo avait été « ajoutée » aux documents.

Par ailleurs, la BCA a également demandé à Raj Gaya de lui fournir les preuves des sommes versées à la Badminton South Africa (BSA). Ce qu’il fera, produisant des documents les 2 juillet 2015, 11 juillet 2015 et 30 septembre 2015. Ils étaient tous signés par Herman Nagel, le General Manager de la BSA à l’époque. Or, ce dernier a expliqué qu’il n’a jamais émis ces reçus et que la BSA opère selon un système qui permet le versement d’argent directement sur son compte bancaire.

Banni à vie

À la suite de cela, la BCA a souhaité avoir les détails du compte bancaire de l’Association mauricienne de badminton. Raj Gaya aurait répondu que ce n’était pas possible à cause des prétendues difficultés avec le système bancaire à Maurice. À la demande de la BCA, Raj Gaya a produit une correspondance en date du 23 mars 2016, avec l’en-tête de la Fédération locale, qui stipule que cette dernière autorisait la BCA à continuer à lui payer à travers le compte personnel de Raj Gaya. Par la suite, Bashir Mungroo, alors président de l’Association mauricienne de badminton, a nié avoir signé cette lettre. La Fédération locale a reconnu, en revanche, avoir reçu uniquement Rs 144 900 de la BCA en 2012.

De plus, une autre facture portant la signature de M. Mungroo et datée du 21 juillet 2017, réclamait quelque 5 000 dollars américains à la Badminton South Africa ; somme qui devait encore une fois être versée sur le compte personnel de Raj Gaya. Bashir Mungroo a démenti être le signataire du document.

Le 1er septembre 2017, Bashir Mungroo écrit à la Fédération internationale et dénonce les maldonnes. Ce qui conduit à l’enquête du Ethics Hearing Panel et aux sanctions : Raj Gaya est banni à vie de toutes les activités liées au badminton et il est condamné à payer une amende de 50 000 dollars (environ Rs 1,7 M). De cette somme, 600 dollars seront payés à l’arbitre Hassenkhan Hyderkhan et 5000 dollars à Kate Foo Kune.

Raj Gaya : «Je ne suis pas surpris»

Dans une brève déclaration au Défi Quotidien, le principal concerné a laissé entendre que les conclusions du rapport du Ethics Hearing Panel étaient connues d’avance. « Je ne suis pas surpris. On ne gagne jamais face à ces hautes instances sportives internationales. Je n’ai malheureusement pas les moyens financiers pour aller défendre mon cas devant une cour de justice », dit-il.

Parcours

D’arbitre à membre de la Fédération internationale

Raj Gaya, 55 ans, était une figure incontournable du badminton mauricien et africain. Il a fait ses débuts dans cette discipline en tant qu’arbitre avant de se frayer une place au sein de l’exécutif de l’Association mauricienne de badminton (AMB).  Raj Gaya a porté la casquette de vice-président de la Fédération jusqu’à février 2018.  Il s’est fait virer du comité directeur suite à la motion de blâme présentée par le président Sharma Nunda, par rapport à l’enquête initiée par la World Badminton Federation sur la fraude financière alléguée.

Gaya a également occupé la présidence de l’AMB et celle du Mauritius Sports Council de 2000 à 2005. 

Le Quatrebornais abordait son deuxième mandat en tant que 2e vice-président du Comité olympique mauricien. Suite à l’éclatement de l’affaire en 2017, le mouvement olympique avait demandé à Raj Gaya de se retirer. L’ancien président de l’AMB a siégé au sein de la Confédération africaine de badminton pendant 20 ans. Il a fait ses débuts en 1997. Il a pris les fonctions de trésorier avant d’être nommé secrétaire général deux ans plus tard. Poste qu’il a occupé jusqu’en 2017.

Raj Gaya avait été reconduit à son poste par le comité exécutif de la CAB en octobre 2017, mais le conseil de la confédération s’est opposé à cette nomination, car le principal concerné faisait l’objet d’une enquête.

L’ancien président du MSC a siégé pendant plusieurs années au sein du comité exécutif de la Fédération internationale de badminton en tant que représentant africain.

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