Les chiffres donnent le tournis: l'ogre Golden State dispute à partir de jeudi sa cinquième finale NBA consécutive et peut décrocher son quatrième titre en cinq ans, à condition de venir à bout d'un nouveau-venu ambitieux, Toronto.
Depuis 2014, les Warriors se sont faits une place de choix dans l'histoire de la NBA, en collectionnant les titres et les records.
Stephen Curry et ses coéquipiers ont déjà rejoint les légendaires Boston Celtics, seule équipe jusque là à avoir enchaîné cinq finales de suite, dix en l'occurence entre 1957 et 1966!
Ils peuvent maintenant imiter les Chicago Bulls de Michael Jordan (1991-93 et 1996-98) et les Lakers de Kobe Bryant (2000-2002) qui ont réussi l'exploit rarissime depuis les années 1960 de remporter trois titres consécutifs.
L'entraîneur de Golden State, Steve Kerr, sait mieux que quiconque la difficulté de réaliser le "three-peat", comme est désigné aux Etats-Unis cette passe de trois.
"Si cela n'a pas été réalisé souvent, c'est qu'il y a une raison: c'est très difficile", a rappelé Kerr, coéquipier de Michael Jordan à Chicago lors du tryptique 1996-1997-1998.
"Se retrouver dans cette situation montre l'esprit de compétition de nos joueurs et la culture qu'on a réussi à instiller au sein de ce club", s'est félicité le coach des Warriors.
En attendant Durant
"Ce groupe de joueurs a de la ressource. Quand ils sont battus ou dominés, ils trouvent une solution pour rebondir, mieux jouer et gagner", a-t-il fait remarquer.
Si la franchise de la baie de San Francisco a toujours faim de victoires et de titres, sa saison 2018-19 n'a pas été une promenade de santé, loin de là.
Avec "seulement" 57 victoires, les Warriors ont livré leur pire saison régulière depuis le début de l'ère Kerr en 2014. Ils ont connu d'inédits passages à vide comme quatre défaites de suite en novembre et une surprenante fébrilité à domicile (30 v-11 d).
Mais depuis le début des play-offs, ils sont redevenus l'équipe implacable qui domine la NBA: ils ont écarté les Los Angeles Clippers (4-2) au 1er tour, puis leurs grands rivaux des Houston Rockets (4-2) en demi-finales de conférence.
Ils ont ensuite balayé Portland (4-0) en finale de conférence, malgré l'absence de leur meilleur marqueur Kevin Durant qui manquera le premier voire le deuxième match de la finale à cause d'une blessure à un mollet.
Mais pour Curry, étincelant contre les Trail Blazers avec 36,5 points par match, tout repart de zéro à partir de jeudi, même si son équipe a les faveurs des pronostics et bookmakers.
Toronto costaud à domicile
"Les prochains matches vont déterminer si notre saison est réussie ou non", a-t-il convenu.
Face à lui, Curry ne trouvera pas la superstar LeBron James, comme lors des quatre précédentes finales, mais Kawhi Leonard, le prolifique ailier qui, dès sa première saison sous le maillot des Raptors, a conduit Toronto à la première finale de son histoire.
Grâce à Leonard (31,2 pts et 8,8 rbds par match de play-offs), Toronto a eu raison tour à tour d'Orlando (4-1), de Philadelphie (4-3) et de Milwaukee (4-2), la meilleure équipe de la saison régulière.
"Ils (Golden State) ne sont pas double champions en titre pour rien, il faudra être à notre meilleur niveau, cela va se jouer physiquement et mentalement", a prévenu l'ancien ailier de San Antonio, sacré champion NBA avec les Spurs en 2014.
Si son entraîneur Nick Nurse le décrit comme "un compétiteur acharné", Leonard, 27 ans, n'est pas le seul atout des Raptors.
La franchise canadienne créée en 1995 a peut-être le cinq majeur le plus redoutable du championnat 2018-19 avec notamment Kyle Lowry et Pascal Siakam, révélation de la saison.
Avec Léonard, et une défense de fer qui a notamment asphixié le probable prochain MVP, Antetokounmpo, Toronto peut mettre fin au règne de Golden State.
D'autant que dans leur salle, où auront lieu les deux premiers matches et l'éventuel match N.7 décisif, les Raptors ne craignent personne: ils y ont remporté huit de leurs dix matches disputés depuis le coup d'envoi des play-offs 2019.