Un an après son retour de suspension pour dopage, Tyson Gay court toujours après son honneur terni et espère se racheter aux yeux de l'opinion américaine en décrochant son billet pour les Mondiaux-2015.
Sur la route de Pékin, il y a Eugene (Oregon), la capitale américaine de l'athlétisme.
C'est là que les visas américains pour les Championnats du monde de Pékin (22-30 août) seront décernés du 25 au 28 juin lors des Championnats des Etats-Unis.
Gay, 32 ans, a rapidement retrouvé ses repères sur la piste du Hayward Field: samedi, il y a remporté le 100 m du "Prefontaine Classic", comptant pour la Ligue de diamant, devant son compatriote Mike Rodgers et le Chinois Su Bingtian.
Son chrono, 9 sec 88/100e, l'a propulsé à la 3e place du bilan annuel.
"J'ai dû puiser au fond de moi-même pour gagner cette course, mais c'est une victoire qui fait du bien", a admis le triple champion du monde 2007.
"Disputer les +Monde+ serait quelque chose d'énorme pour moi, parce que je n'ai pas participé à un tel rendez-vous depuis longtemps. Je veux vraiment faire partie de cette sélection américaine", a-t-il insisté.
Suspension réduite
Ses derniers Championnats du monde remontent à 2009: à Berlin, il avait terminé 2e du 100 m derrière Usain Bolt qui s'était imposé en 9 sec 58/100e, record du monde à la clef.
En 2011, le "Kid de Lexington", 2e performeur de l'histoire sur 100 m avec ses 9.69, avait fait une croix sur les Mondiaux de Daegu (Corée du Sud) à cause d'une blessure à une hanche.
Il n'était pas non plus à Moscou il y a deux ans et pour cause: en mai 2013, Gay avait fait l'objet d'un contrôle antidopage positif à un stéroïde et s'était de lui-même retiré de toutes les compétitions, dont les Mondiaux, en attendant le verdict de la justice sportive.
Il a finalement écopé d'une suspension réduite d'une année en raison de sa collaboration avec les autorités antidopage.
"C'est encore quelque chose que je dois encore digérer. J'attends de pouvoir dire ce que j'ai à dire pour que les gens comprennent ce qu'une erreur peut faire à votre vie", a-t-il expliqué.
Gay a toujours affirmé qu'il ne s'était pas dopé sciemment et que ses contrôles positifs avaient été déclenchés par des compléments alimentaires contaminés.
L'exemple Gatlin
"Quand je suis revenu de ma suspension, j'étais stressé, j'avais pris du poids. Ce n'est pas tant l'année de suspension (qui a causé tout cela), c'est plutôt l'image que les gens pouvaient avoir de moi. Ils pensaient que je m'étais gavé de stéroïdes et d'autres produits, sans jamais envisager que j'avais commis une erreur", a-t-il expliqué.
De son propre aveu, Gay est "toujours en phase d'adaptation" à sa vie d'après-suspension, notamment aux entraînements sous la direction de John Smith après que son ancien entraîneur Jon Drummond a été suspendu huit ans.
Gay peut s'inspirer de Justin Gatlin.
Son coéquipier dans le relais 4x100 m des JO-2012 dépossédé il y a deux semaines de sa médaille d'argent à cause du cas de dopage de Gay, a montré qu'on pouvait rebondir après deux suspensions pour dopage, la dernière de quatre ans entre 2006 et 2010.
L'Américain, déjà en tête du bilan annuel du 100 m (9.74 à Doha), a réalisé samedi à Eugene le chrono de référence de 2015 sur 200 m en 19 sec 68/100e, ce qui ne manque pas de susciter bien des interrogations vu son passé.
"Cette suspension est à la fois une malédiction et une bénédiction", a estimé le sprinteur de 33 ans qui rêve de détrôner le roi Usain Bolt cet été à Pékin.
"Elle m'a donné envie de revenir plus fort pour prouver que j'étais un grand sprinteur", a asséné Gatlin.