[Diaporama] Jalil Ahmadi: Et j’entends siffler l’arbitre…

By Naushad Korimdun Lundi 04 janvier 2016 Football , Football Local , O commentaire 0 views
À 87 ans, Abdool Jalil Ahmadi joue le ‘Fergie Time’. Cet ancien commerçant de profession et arbitre de football par passion jouit d’une santé de fer. Il se la coule douce à côté du Champ-de-Mars, là ou il réside depuis des décennies. [dropcap]I[/dropcap]l a arbitré quelque 500 rencontres de football, régionales, nationales et internationales. Des fois comme arbitre central, d’autres fois comme juge de touche, mais il avait toujours cet œil de lynx et l’impartialité digne d’un professionnel de premier grade. Toutefois, c’est par hasard que notre homme, travailleur social connu dans la région de Ward 4, a démarré sa carrière d’arbitre, en tant que volontaire. Né entre les deux guerres mondiales, soit un 31 décembre 1928, Jalil Ahmad résidait au coin des rues Madame et Mère Barthélémy. Son père, un homme de probité, gérait le commerce familial, soit le magasin Victoire à la rue Desforges, à Port-Louis. Après des études à l’école Sunnee Surtee et au Collège Bhujoharry, le jeune Jalil, qui maîtrisait l’écriture et les arithmétiques, s’est joint aux affaires de son père. « On vendait du crêpe de laine, la mousseline, l’étoffe anglaise et de la soie », dit-il avec un brin de nostalgie. Les après-midi, Jalil Ahmadi retrouvait ses amis sur le terrain de football de la YMFA, au Champ-de-Mars. Parmi, Hajee Bawamia et Régis Jean.

Des matchs chauds

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"69486","attributes":{"class":"media-image wp-image-11082","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"337","alt":"Jalil Ahmadi (au centre) a arbitr\u00e9 environ 500 matchs. "}}]] Jalil Ahmadi (au centre) a arbitré environ 500 matchs.

Dans les années 50, le sport était le véritable sport-roi du pays. « Je m’entraînais avec l’équipe de YMFA FC depuis 1956. Trois ans plus tard, Rovers United devait jouer contre Rangers SC sur le terrain de Rivière-des-Anguilles. On a fait le voyage par train. Il y avait 2 000 spectateurs ce dimanche-là. Un des deux arbitres de touche était absent. Monaf Fakira m’a alors demandé de le remplacer », se rappelle notre interlocuteur. Il a fait bonne impression et de bouche-à-oreille, Jalil Ahmadi est devenu un jeune arbitre sur la montante. « À cette époque, ce qui est maintenant connu comme le Trophée de la Jeunesse de Port-Louis était appelé ‘Monaf Fakira Challenge Cup’. J’ai arbitré les rencontres préliminaires, les éliminatoires, et même la finale la plupart du temps à titre volontaire », confie l’ancien homme en noir. À l’époque, les rencontres se disputaient presque chaque après-midi à Port-Louis. Que ce soit sur les terrains de Cité Martial, Roche-Bois, Sainte-Croix, Cité Vallijee, Saint-François ou encore aux Casernes. « On me sollicitait souvent », dit Jalil Ahmadi au grand dam de sa grande dame à lui. Entre les matchs, il a trouvé chaussure à son pied et a épousé Maryam Bibi Rawat. Fan de Ferenc Puskas, Duncan Edwards Garrincha et autre Johan Cruyff, Jalil a dirigé son premier match de l’élite au Stade Olympique, en 1965. « Plus de 15 000 personnes assistaient à la rencontre Racing Club vs Hindu Cadets. La tension est montée d’un cran quand les vert et blanc ont foulé la pelouse », raconte le Portlouisien. Ainsi, son expertise a été sollicitée par la MSA – qui allait plus tard devenir la MFA - pendant un bon bout de temps. « Ce n’est pas facile de prendre une décision en une fraction de seconde face à une foule de 22 000 personnes chauffée à blanc », explique l’ancien sifflet. Ses héros locaux ont pour nom Régis Jean, Jean-Claude Sauzier, les frères Gallet et Reshad Mungly. Toutefois, selon lui, la rencontre Brésil-Italie, lors de la finale du Mondial de 1970 est « un chef d’œuvre ». Habitant à côté du Champ-de-Mars, il suivait également les courses hippiques. « Je me rappelle de Tommy Boy, Demdyke, Sepoy et d’un dénommé Stevens, jockey de l’écurie Gujadhur ».

Recours à la caméra-vidéo

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"69485","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-11081","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"298","alt":"Jalil Ahmadi "}}]] À 87 ans, Jalil Ahmadi a gardé un esprit jeune et progressiste. Cet arbitre de la rencontre de feu entre les Lesotho et Madagascar en 1973 est d’opinion qu’il faut absolument avoir recours aux enregistrements vidéo, surtout s’il y a doute avant de prendre des décisions lourdes de conséquence. « C’est dommage que la FIFA ne veuille pas progresser », dit-il. Alors que Jalil Ahmadi s’approche de ses 90 ans, il garde toute sa lucidité lorsqu’il s’agit de discussions sportives. Et il fait surtout preuve de son légendaire impartialité.

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