L’entraîneur du Curepipe Starlight SC jette un regard très sévère sur l’Association mauricienne de handball, qu’il rend responsable de la décadence de cette discipline à Maurice. Il pense également qu’il fera un bon président de l’Association mauricienne de handball.
■ Comment évaluez-vous la situation du handball à Maurice ?
Sans être alarmiste, je dirai que le handball est au bord du gouffre. Nous n’avons pas eu de nouveaux licenciés durant les cinq dernières années. Sur les 102 matches comptant pour le championnat national, la fédération veut faire jouer 52 rencontres rien que sur 30 jours. Sans oublier que les garçons de Curepipe Starlight SC et de l’ASVP, puis les filles de l’USBBRH doivent disputer la Coupe des Clubs en novembre. De plus, je suis d’avis que le président décrédibilise la fédération de par son comportement. C’est dommage pour ces jeunes qui se donnent corps et âmes pour progresser.
■ Que reprochez-vous au juste à l’actuel président, Daniel Gérard ?
Rien que sur la base sportive, il n’a pas donné aux équipes les moyens et les occasions de progresser. La fédération n’a jamais eu un plan bien ficelé, viable et fiable, afin que cette discipline avance. Maintenant, il y a la récente décision du ministère de la Jeunesse et des Sports de ne pas financer ses déplacements à l’étranger. C’est une claque magistrale ! Selon ce que la presse a rapporté, le président a été ‘sanctionné’ pour mauvais comportements répétitifs. C’est grave !
■ Avec le tableau noir que vous venez de brosser, cette discipline a-t-elle un avenir à Maurice ?
Oui, mais à certaines conditions. Il faut une équipe dirigeante compétente, capable et qui a de la vision. Il faut mettre l’accent sur la formation, les exercices de détection dans les écoles primaires et secondaires, et un encadrement des équipes de l’élite. Il faudrait aussi un genre de DTN ‘en ligne’, qui ne coûte rien, mais qui nous guide. De plus, on peut s’inspirer du plan de restructuration des Fédérations de France et de La Réunion.
■ Pourquoi un Directeur technique national (DTN) en ligne et non pas un en permanence pour tout réorganiser ?
Il nous faut préparer les bases nécessaires pour que l’éventuel DTN puisse venir opérer par la suite. Un grand resto ne peut pas faire venir le meilleur cuisinier du monde pour ensuite lui dire que la cuisine est en reconstruction et que les matériels seront achetés dans 6/7 mois. Le handball local a accumulé tellement de retard qu’il n’a pas une structure pour embaucher et faire travailler un DTN.
■ Les performances mauriciennes lors des Jeux de la CJSOI et de l’IHF vous interpellent-elles ?
Et comment ! Je ne suis nullement étonné. La fédération a carrément mis la charrue devant des bœufs… atteints de la fièvre aphteuse ! Il y a des joueurs qui ont vu un ballon de handball pour la première fois en septembre 2015. Ils sont devenus internationaux de Maurice en janvier 2016 ! Savez-vous que la préparation pour l’IFH Challenge Trophy se faisait sur l’aire de stationnement du stade Germain Commarmond, à Bambous ? Voilà ce qui explique la débâcle mauricienne lors de deux derniers rendez-vous.
■ Est-ce une des raisons pour laquelle le handball n’est pas au programme des Jeux des îles de 2019, qui se disputeront à Maurice ?
Le comité d’organisation des Jeux des îles n’a pas jugé bon que le handball y soit, car il sait d’ores et déjà que Maurice ne remportera aucune médaille.
■ Maurice organisera quand même la ‘Beach Handball World Cup U17’ l’an prochain, au coût de Rs 45 millions !
(Rires). C’est une autre gaffe monumentale de la fédération. Franchement, il y a d’autres priorités, pour le sport en général et le handball en particulier, que de jeter Rs 45 M à la mer. Une telle implication méga-financière pour avoir quoi en retour ? Une semaine de rencontres sur une plage. C’est comme manger des pizzas pendant une semaine, pour ensuite mourir de faim. Combien sont les sponsors qui sont prêts à soutenir ce tournoi à un coût qui frise l’indécence ?
■ Vous êtes très critique dans vos analyses. Serez-vous candidat aux élections en janvier 2017 ?
À ce stade je ne suis pas candidat. Je suis à la disposition des équipes, des joueurs et des jeunes assoiffés d’apprendre. Pas du côté des dinosaures. Je déciderai le moment venu si je serai candidat ou pas.
■ Le poste de président de la fédération vous intéresse-t-il ?
Je crois avoir la compétence pour présider à la destinée du handball local.