Préparation - Jeux des îles de l’océan Indien 2019 - Sports collectifs : déjà du retard

Samedi 07 Octobre 2017 Sports collectifs O commentaire 0 views

Pourra-t-on redresser la barre après la débâcle de 2015 à La Réunion, avec trois médailles de bronze seulement dans les sports d’équipe ? Loin d’avoir retenu la leçon, les différentes sélections nationales sont encore en gestation, avec des entraînements irréguliers et des regroupements au compte-goutte à moins de deux ans la dixième édition des Jeux des Îles de l’océan Indien (JIOI), du 19 au 28 juillet 2019.

Le temps presse. L’ex-ministre de la Jeunesse et des Sports avait souligné que des efforts seront faits pour rectifier le tir concernant les disciplines collectives après la piètre performance lors des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) de 2015, à La Réunion. Maurice avait remporté seulement trois médailles de bronze, en volley-ball (masculin et féminin) et football masculin. La Réunion avait réussi des doublés (hommes et dames) en basket-ball, football et handball, et avait remporté le titre en volley-ball masculin. 

Force est de constater que le départ est lent concernant le football, volley-ball et basket-ball. Nos footballeurs sont loin d’être les meilleurs de la région, cela malgré les millions de roupies investies dans la professionnalisation de cette discipline. La cuvée 2019 aura la lourde tâche d’être exact au rendez-vous à Maurice. Car le Club M a remporté l’or lors des deux éditions des JIOI organisées à la maison, en 1985 et 2003. Ce fut un fiasco en 2007 à Madagascar, un peu mieux en 2011 avec l’argent récolté aux Seychelles, et le bronze amer de 2015 à La Réunion.

Nos volleyeurs tenteront de faire aussi bien qu’en 2015 avec deux médailles de bronze. Les présélections ont été établies, mais ceux dans le giron disent haut et fort que le niveau est loin des meilleurs pays de l’océan Indien. C’est aussi le cas pour le basket-ball. On connaît déjà les présélectionnés masculins et la liste des joueuses sera dévoilée d’ici une semaine. Mais on ne se fait pas d’illusions quant aux résultats. Une médaille de bronze sera déjà un exploit, comme c’était le cas en 2011 avec les filles.

Le handball a été bouté hors de la liste des disciplines au programme, pour faire la place au beach-volley et au rugby à 7. Le salut des disciplines collectives mauriciennes pourrait bien venir des beachvolleyeurs et rugbymen.

Si certaines présélections sont déjà faites, les sportifs sont souvent irréguliers à l’entraînement. Leurs obligations professionnelles prennent souvent le dessus sur l’engagement national. Il faut aussi que chaque fédération sportive ait les moyens voulus pour bien préparer les sélections avec les structures et facilités adéquates.

Plus on tarde à mettre la machinerie en marche, plus il ne faudra pas se leurrer en attendant des résultats exceptionnels.

Football : Le doute s’installe

Le Club M de 2015 avait décroché la médaille de bronze.

C’est la discipline qui sera attendue lors des Jeux des îles de 2019. Le football a toujours suscité un engouement auprès des supporters. Malheureusement, après la médaille d’or de 2003, le Club M n’a pu rééditer l’exploit. Lors de l’édition de 2007 à Madagascar, la sélection nationale était rentrée bredouille.

Entretemps, entre la médaille d’argent en 2011 aux Seychelles et le bronze en 2015 à La Réunion, le championnat local est passé sous l’ère de la professionnalisation. Actuellement, la Mauritius Football Association (MFA) travaille toujours sur un plan d’action pour relancer la professionnalisation depuis le retrait de la Mauritius Professional Football League (MPFL) en juillet dernier, en raison de contraintes financières.

Cette formule a quelque peu ne haussé le niveau du football mais les résultats tardent à venir. Plusieurs sélectionneurs sont passés depuis : Didier Six, Alain Happe et Joe Tshupula. Le Belge a tenté tant bien que mal de mener à bien sa mission, mais les résultats n’arrivaient pas. La défaite face aux Comores lors des préliminaires de la CAN 2019 est restée en travers de la gorge.

Cependant, du côté de la fédération, le président Samir Sobha se veut optimiste. Il ne vise ni plus ni moins que la médaille d’or en 2019. « Nous avons mis en place un plan de travail. Nous organiserons le maximum de matchs de préparation contre les équipes bien plus huppées. Ces frottements nous aideront dans notre progression. La médaille d’or est notre principal objectif et nous ferons de notre mieux pour mettre sur place la meilleure équipe afin d’atteindre notre objectif », affirme-t-il.

Volley-ball : Redorer son blason

Maurice a remporté l’or pour la dernière fois aux JIOI en 2013 (en masculin). Ensuite, lors des éditions 2007 et 2011, les Mauriciens sont rentrés bredouilles.

Aux derniers Jeux des Îles, en 2015, Maurice avait remporté une médaille de bronze en féminin, après la disqualification de la joueuse Myriam Kloster et le retrait de La Réunion. Chez les hommes, Maurice avait également terminé troisième, après avoir remporté le match de classement.

Dans le passé, Maurice était pourtant l’une des nations dominatrices de la région. En 1990, les messieurs avaient remporté l’or et les filles l’argent. En 1993, les hommes avaient de nouveau pris l’or, avant de prendre l’argent en 1998, tandis que cette même année, les filles avaient remporté la médaille de bronze.

Cette fois, les Mauriciens tenteront d’atteindre la finale, selon le président de l’Association mauricienne de volley-ball (AMVB), Faysal Bundhun. « Nous visons une finale. Je pense que ce sera dans nos cordes. Il y a des personnes qui disent que le niveau a baissé. Cependant, ce n’est pas qu’à Maurice que c’est le cas, mais dans les autres îles de la région également. Nous avons déjà débuté le travail cette fois. Nous avons pris de l’avance, en débutant notre préparation deux ans avant les JIOI », affirme Faysal Bundhun.

Le président de l’AMVB indique qu’il ne sera pas question cette fois de préparer uniquement les Jeux des Îles. « Nous avons un plan à long terme. Nous nous préparons pour les vingt ans à venir. Nous avons pris en compte la relève. Lors des derniers Jeux de la CJSOI, Maurice avait terminé deuxième tant chez les garçons que chez les filles. Le niveau progresse. Il y a des jeunes qui rejoindront l’équipe. Avec l’apport du DTN, Zoran Kovacic, qui arrivera ce mois-ci, nous serons mieux armés », assure-t-il.

Si chez les dames le niveau n’était pas comme attendu lors de la dernière édition, l’entraîneur national de la sélection féminine, Martine Bistoquet, est d’avis que cette fois on peut s’attendre à mieux.

« Le niveau a progressé. Nous avons débuté le travail tôt, afin de créer un groupe dynamique. Le progrès est graduel », souligne Martine Bistoquet.

L’entraînement des présélections nationales a déjà débuté. Les équipes s’entraînent chaque dimanche sous la houlette de Melchior Miniopoo (masculin) et Martine Bistoquet (féminin).

Basket-ball : Comment rebondir ?

Les basketteurs mauriciens n’avaient pas fait le poids dans la compétition.

Zéro pointé en 2015. Nos deux sélections devront montrer un tout autre visage au gymnase de Phoenix en juillet 2019. On visera le bronze comme d’habitude, car Malgaches et Réunionnais sont hors de portée.

« La présélection masculine a déjà effectué un week-end de stage d’entraînement. Le prochain sera réservé aux filles. On discutera aussi de la possibilité de réunir les deux sélections chaque trois à quatre semaines pour des camps d’entraînement », souligne Patrick Callychurn, qui fait partie, en compagnie de Désiré Numa et Bennon Soobiah, des responsables des sélections nationales. Il faudra aussi que les joueurs jouent le jeu et que l’histoire ne se répète pas concernant l’assiduité pour les entraînements.

La Fédération mauricienne de basket-ball (FMBB) sait que le niveau de jeu des Mauriciens est en dessous, comparé aux Réunionnais et Malgaches. Elle misera sur l’apport probable des expatriés avec les trois frères Racines, qui évoluent en ligue professionnelle en France. Ce sera aussi le cas en féminin si les nouveaux règlements le permettent.

Maurice avait décroché deux médailles de bronze en 1985, et une autre de bronze (féminin) en 2003 lors des éditions des JIOI organisées sur ses terres. Les filles ont réédité cet exploit en 2011 aux Seychelles, alors que c’est la panne sèche en masculin.

Seul point positif, c’est que les entraînements nationaux ont débuté plus tôt cette fois. « C’est la première fois que les sélections commencent leurs préparations deux ans avant l’échéance. C’était six mois avant lors des précédentes éditions des JIOI », affirme Patrick Callychurn. Serait-ce suffisant pour ramener au moins deux médailles de bronze ?

Rugby à 7 : Du chemin à parcourir

Le rugby à 7 effectue son retour aux Jeux des îles après 40 ans. Maurice, qui était l’un des pays pour l’inclusion du  rugby à 7 au programme  du rendez-vous indianocéanique 2019, s’attend  à une belle prestation de ses rugbymen. Il y a du travail à abattre. D’où la décision de la Rugby Union Mauritius (RUM) de faire appel à un  Directeur technicien national (DTN), le Français Jean-Baptiste Gobelet  pour préparer au mieux la sélection. Surtout que nos adversaires ne viendront pas à Maurice avec la fleur au fusil.

Le technicien français  reconnaît lors de son premier constat - basé sur la prestation de nos locaux au tournoi de Maseru Sevens au Lesotho - que Maurice est loin derrière en Afrique.  Mais ce dernier reste tout de même optimiste. « Le travail physique et technique portera ses fruits. L’effectif sera revu au fil des mois pour préparer les Jeux des îles »,  avait fait ressortir Jean-Baptiste Gobelet. 

Au niveau de la RUM, on met le paquet dans la préparation des joueurs. Un programme d’entraînement spécifique a été établi. Les rugbymen mauriciens participeront à plusieurs compétitions à l’étranger notamment le tournoi de Stellenbosh (26-29 octobre) et le tournoi de Dubayy (30 novembre- 1er décembre 2017) pour rehausser leur niveau.  Car, ils auront un défi à relever en juillet 2019….

Beach-volley : En quête de l’or

Le beach-volley est au programme des Jeux des Îles pour la première fois. La présélection masculine s’entraîne sous les ordres de Reza Itoola, tandis que les filles ont pour entraîneur Pascal Ava. Dans cette discipline, Maurice a une bonne chance de médaille, souligne le président de l’AMVB. « Les préselectionnés en beach-volley s’entraînent également. Les techniciens ont fourni leur plan de travail jusqu’à l’année prochaine. Même si on s’attend à avoir des médailles, nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Les équipes travaillent dur pour progresser davantage », explique Faysal Bundhun.

Une compétition est également prévue pour les volleyeurs. « En novembre, nos équipes participeront aux préliminaires des prochains Jeux du Commonwealth, qui se dérouleront en 2018 en Australie. La compétition se déroulera en Sierra Leone. Elle nous permettra de nous situer par rapport aux autres pays », souligne Faysal Bundhun.

Questions à Jimmy Cundasamy : «Le  football va mal»

Médaillé d’or  avec la sélection lors des Jeux des îles de l’océan Indien 2003, qui se sont déroulés sur notre sol,  Jimmy Cundasamy ne passe pas par quatre chemins pour dire que le niveau actuel de notre football est lamentable.  Pour l’ex-international de Maurice, même le meilleur entraîneur du monde ne pourra faire des miracles …

• Maurice vise l’or pour les prochains Jeux des îles.  Selon vous cet objectif est-il réalisable ?
Tout dépend. Il faut reconnaître que le football mauricien va mal. Le niveau est lamentable même si certains continuent à se voiler la face et persistent à dire qu’il y a une amélioration. Nous pouvons compter sur les doigts de la main combien de nos joueurs formés à Maurice évoluent à l’étranger actuellement. Alors que dans le passé, on avait un bon nombre de joueurs à La Réunion, en Afrique du Sud et même en France. D’ailleurs, la sélection qui avait remporté les Jeux des îles 2003 était composée majoritairement d’expatriées.

• Donc, c’est grâce aux expatriés que Maurice avait remporté l’or en 2003 ?
Les footballeurs avaient un bon bagage et chacun a apporté sa pierre à l’édifice pour réaliser  cette belle performance. Il y avait aussi des joueurs locaux au sein de l’effectif  et ils avaient un bon niveau.  Akbar Patel nous connaissait déjà ayant passé par le Centre de formation et Maurice Espoir. En trois mois il a pu mettre en place une tactique bien rodée.  Nous avons des techniciens compétents  et des joueurs qui ont du potentiel  mais le manque  de formation et d’encadrement adéquat fait défaut.  Bien souvent, on ne se concentre pas sur le foot mais plutôt sur les à-côtés.

• La Mauritius Football Association a recruté le Brésilien Francisco Filho en tant que sélectionneur pour aider le sport roi. N’est-ce pas une bonne chose ?
On peut embaucher le meilleur entraîneur du monde mais il ne pourra pas faire des miracles. Il faut d’abord élaborer une vision  stratégique, des objectifs à atteindre sur le court, moyen et long termes. On accorde peu d’importance à la formation alors que c’est un pilier essentiel  dans le processus de  développement et de progression. L’idée d’introduire une ligue professionnelle est bonne mais le projet est creux. C’est aberrant de voir tous les problèmes autour de ce projet.

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