L’ancien joueur de la Fire Brigade, Steeve Curpanen, revient sur l’année chaotique qu’a connue le football mauricien en 2017. Selon lui, pour redonner un nouveau souffle au football, il faut reprendre les bases de la formation.
Le bilan du Club M en cette année 2017 a été catastrophique avec seulement une victoire. Qu’avez-vous retenu de ces performances ?
Le niveau du Club M est en baisse depuis quelques années. Les résultats de la sélection nationale en sont la preuve. Une victoire en une année est alarmante. Il faut revoir la restructure du Club M.
Selon vous, quelle est la solution pour redorer le blason du Club M ?
La clé pour se mettre sur les rails se trouve dans la formation. à l’époque, la sélection nationale pouvait compter sur de bons joueurs formés au Centre technique national de formation à l’instar des Gilbert Bayaram, Désiré Periatambee et Christopher Perle. Actuellement, nous retrouvons des joueurs au sein du Club M qui ne sont pas passés par cette école. Il existe un manque criard de formation.
Justement le centre technique national de formation a réouvert ses portes en novembre dernier. L’espoir est donc permis ?
C’est une très bonne chose. J’étais dans l’incompréhension quand le centre technique avait fermé ses portes alors qu’il avait formé de très bons éléments. S’il n’avait pas cessé ses activités, d’autres joueurs auraient pu percer. Désormais, il faut continuer dans cette direction et encadrer les jeunes qui sont la relève du foot mauricien.
«Maurice a besoin d’une commission de planification nationale.»
Le Baby Club M a été la seule satisfaction en atteignant la finale de la COSAFA U17. Comment avez-vous vécu ce moment historique ?
Il faut saluer le parcours admirable de ces jeunes footballeurs. Ils ont apporté une lueur d’espoir au football mauricien. C’est une bonne génération et ils sont entre de bonnes mains avec Kersley Clark et Roddy Brelu-Brelu. Il faut continuer à les encadrer pour avoir de bons résultats. De plus, cette équipe a connu une très bonne préparation avant le début de la compétition.
D’autre part, les moins de 20 ans ont connu un parcours difficile dans leurs compétitions africaines. Quel est le problème selon vous ?
Nous aurons toujours du mal à ce niveau, car nous sommes très en retard comparés aux équipes africaines. La ligue junior sur le plan local n’est pas compétitive. Les clubs se focalisent seulement sur leurs équipes seniors et oublient la relève. Les juniors n’ont pas assez de motivation. Les équipes introduisent les juniors seulement par obligation, pour ne pas perdre des points dans le championnat de la ligue professionnelle. Quand on fait la comparaison avec les clubs réunionnais, ces derniers possèdent des équipes dans différents catégories d’âge.
Qu’en est-il du Lady Club M, qui a été lynché 11-0 par le Kenya dans la Women COSAFA Cup ?
C’est le même cas de figure que les juniors. Le niveau du championnat féminin est vraiment très faible. Les filles n’accordent aucune importance à gagner ou perdre. C’est normal que le Lady Club M ne progresse pas.
Par ailleurs, le football professionnel a été chamboulé avec le retrait de la Mauritius Professional League (MPFL) en juillet dernier. Quel constat faites-vous ?
La venue de la professionnalisation a été une bonne chose pour le football. Cependant, je suis d’avis qu’il faut revoir le système. Il faut mettre l’accent sur la formation pour avoir une bonne pépinière de jeunes joueurs comme relève. De plus, je suis d’avis qu’il faut restructurer les clubs, car actuellement ils sont plus amateurs comparé à l’époque des Fire Brigade et Sunrise FC.
Tout récemment, la majorité des joueurs n’ont pas reçu leur boni de fin d’année. Quelle est votre position face à cette situation ?
C’est déplorable. C’est injuste, car nombre de ces footballeurs n’ont que le foot comme métier et dépendent de leur sport pour vivre. L’État fait sa part du boulot en injectant de l’argent. Toutefois, la professionnalisation ne repose pas seulement sur le dos du gouvernement. Les clubs doivent mettre le cœur à l’ouvrage pour attirer les sponsors pour un soutien financier. Cependant, pour pouvoir les attirer, il faut avoir de bons résultats et proposer du beau jeu. à l’époque où j’étais à la Fire Brigade, l’équipe comptait pas moins de quatre sponsors. Nous étions plus professionnels.
La Mauritius Football Association (MFA) essuie de nombreux critiques depuis un certain temps. Pensez-vous qu’il faut apporter du changement au niveau de cette instance ?
Il est vrai qu’il y a eu des ingérences au niveau de la MFA. Pour moi, tout le monde est concerné par le football c’est-à-dire dirigeants, joueurs, la fédération et le ministère de la Jeunesse et des sports. Si tout le monde coopère, c’est le football qui en sortira gagnant.