Pour ceux qui ne le connaissent pas, France L’Aiguille a été l’un des grands noms du football local. D’abord, il commence sa carrière comme footballeur au sein des Tamil Cadets, où il ne fera qu’une saison avant de passer au sein de la Fire Brigade. Évoluant en milieu de terrain, il forcait le respect en compagnie des Kenneth Ramboro et autres Guillaume Ah-Kang et devint même le capitaine de l’équipe port-louisienne. En mettant fin à sa carrière due à une blessure, rien ne présageait qu’il allait franchir le pas comme entraîneur, mais il l'a fait et avec brio.
Prenant en charge l’équipe de la Fire Brigade au début des années 80, France L’Aiguille y apporte tout de suite sa touche personnelle en faisant confiance à des jeunes venant de l’équipe des juniors. Ils s’appellent Désiré L’Enclume et Hervé Mootoosamy, entre autres. L’amalgame prend forme tout de suite et dès sa première année aux commandes, la Fire Brigade termine deuxième du championnat au même nombre de points que la Police, sacrée championne. La saison suivante, d’autres joueurs s’ajoutent à son effectif dans un souci de mettre en place son schéma de jeu. Un jeu plaisant et porté vers l’offensif, selon ses propres dires. Les grands noms d’antan pleuvent. Ils sont Berty Marie, Jean Pierre Bellepeau, Jean Noel Botte, Jacques Theo, Remi Ramboro, Jacques Jackson, Jean Marc Changou, Claude Lim Hon ou encore Serge Bardottier.
Ainsi, avec la mise en place de son jeu à la brésilienne, France L’Aiguille obtient le sacre lors de sa deuxième année comme entraîneur de la Fire Brigade. À partir de là, les titres vont se succéder avec, comme point culminant, la saison 84, où son équipe écrase presque tout sur son passage. Et c’est sans surprise qu’il est choisi, avec Mamade Elahee, pour être l’un des deux adjoints d’Helmut Kosmehl pour les JIOI 85 sur notre sol. Son apport pour la médaille d’or obtenue est crucial, d’autant que les joueurs de la Fire Brigade forment l’ossature de la sélection nationale. « Cette médaille d’or en 85 est inoubliable. C’était ‘mon équipe’, mais aussi avec la contribution des joueurs comme Saleem Moosa et Rajesh Gunesh, deux éléments que j’ai toujours admirés. Ce n’est pas pour rien qu'à la suite de cet évènement, j’ai été décoré et fait M.B.E par le pays. »
Prenant d’autres responsabilités quelques années après, dont la sélection des -23 ans et ensuite le Club M en compagnie de Rajen Dorasami, France L’Aiguille finira par jeter l’éponge à la suite d'un désaccord avec Patrick Parizon. « L’ambiance s’était trop détériorée et je n’avais plus ma place. » Depuis, il avoue ne plus être au courant de ce qui se passe sur le plan local. « Si ti ena encore rouge et noir, mo ti pou présent », lâche-t-il sans ambages.
Aujourd’hui âgé de 67 ans, France L’Aiguille s’occupe d’un petit snack familial en compagnie de ses enfants à Flacq, où il passe le plus clair de son temps. Même si, depuis quelque temps déjà, il suit un peu les performances de son petit-fils, Enrique, qui vient d’intégrer l’école de football de la région. Tout comme celle de son équipe de toujours, le Brésil. En bon adepte de la samba et du football champagne…