La succession d’événements qui a secoué la Mauritius Football Association n’est pas sans conséquence. Le ministère de l’Autonomisation de la jeunesse, des Sports et des Loisirs a décidé d’agir.
Le Regionalisation Grant des clubs nationaux et des comités régionaux a été suspendu avec effet immédiat. L’accès aux stades appartenant à l’État pour les entraînements des clubs et les compétitions organisées par la fédération est interdit temporairement. De plus, aucun permis ne sera délivré à de nouveaux joueurs étrangers pour la saison 2021/22. Le ministère donne à l’instance dirigeante du football à Maurice jusqu’à fin novembre pour régler ses problèmes de gouvernance et se mettre en diapason avec la section 5(b) de la Sports Act. Celle-ci stipule que « every National Sports Federation shall – uphold and operate on the principles of good governance, transparency, democracy, fairness and non-discrimination ».
Tout cela vient donc compromettre la saison 2021/22, qui devrait normalement démarrer à la fin du mois d’octobre. Au niveau des clubs, c’est la consternation. Pour Stephan Buckland, président de Mangalkhan SC, cette situation pénalise énormément les équipes. « C’est un véritable coup de massue pour les clubs. Le football continue sa dégringolade. Les équipes comptent énormément sur cette allocation. Je trouve cela dommage alors que nous sommes à deux mois du coup d’envoi de la saison », confie l’ex-sprinteur. Outre les allégations de voyeurisme, le ministère s’est également appuyé sur l’affaire du Cercle de Joachim, sanctionné pour non-respect des procédures de l’international Transfer Machine System (ITMS) pour les transferts de cinq Malgaches au cours de la saison 2019/20, pour en arriver à cette série de mesure.
Face à toutes ces polémiques, Jayesh Rampadarath, dirigeant de GRSE Wanderers, est d’avis qu’il est temps d’apporter du changement au sein de la MFA. « La MFA s’est pris une grosse claque. Je lance un appel aux membres du Managing Committee : il est temps de démissionner. Laissez la place à ceux qui veulent travailler pour l’avancement du football. C’est aussi un message fort envoyé aux clubs. Il faut se remettre en question », explique-t-il.
Alors que la période de transfert bat son plein, on risque de ne pas voir de gros mouvements de joueurs face à ces nombreuses incertitudes. Pour Shakeel Goburdhun, président de l’US Beau-Bassin/ Rose-Hill, les clubs, les dirigeants ainsi que la MFA doivent désormais assumer leurs responsabilités. « Le ministère a clairement fait comprendre qu’il ne cautionne plus ces polémiques. C’est chagrinant pour notre football. Concernant les allocations, nous avons eu un premier avertissement quand le ministère prévoyait une baisse de 50 % la saison dernière. À présent, nous devons faire face à une suspension. Est-ce là un mal pour un bien ? Seul l’avenir nous le dira », souligne le dirigeant du club des villes sœurs.
Stephan Toussaint : « Il faut mettre de l’ordre »
Le ministre de l’Autonomisation de la jeunesse, des Sports et des Loisirs ne cache pas son mécontentement face aux multiples problèmes au sein de l’instance de Trianon. Si l’affaire de voyeurisme a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, la participation controversée de la sélection nationale de futsal à la Coupe d’Afrique des Nations à Laayoune au Maroc en janvier 2020, l’amende de la FIFA infligée à la MFA dans l’affaire de Cercle de Joachim et surtout le deuxième abandon de la saison lui sont restés en travers de la gorge.
C’est ce qui a poussé le ministère à taper du poing sur la table et à envoyer un signal fort à la MFA et aux clubs. « Il faut mettre de l’ordre dans tout cela. La MFA et les clubs ont jusqu’à la fin du mois de novembre pour améliorer les choses et après on verra », précise-t-il.
Le ministre n’a guère apprécié ce nouvel arrêt prématuré de la saison. Son ministère avait mis tout en œuvre pour la reprise de la compétition. « Nous avons eu plusieurs rencontres avec la MFA. Personnellement, j’ai assisté à une réunion du High Level Committee pour obtenir une autorisation. Nous avons aussi établi un protocole sanitaire dans les stades en collaboration avec la Mauritius Sport Council. Mais par la suite, la MFA a tout simplement décidé d’arrêter les championnats. Une décision qui avait fait beaucoup de bruit et à juste titre », souligne-t-il.
Et d’ajouter : « Les allocations attribuées aux clubs, c’est de l’argent public. Jusqu’ici, nous ignorons comment a été utilisée cette somme. Ce n’est pas possible et nous ne pourrons pas continuer de cette façon alors que Rs 18 millions ont été distribuées aux équipes. Nous avons des comptes à rendre à l’Audit », explique le ministre.
Samir Sobha : « Le ministre ne semble pas intéressé à rencontrer la MFA »
La situation entre la Mauritius Football Association (MFA) et le ministère de l’Autonomisation de la jeunesse, des Sports et des Loisirs n’est pas au beau fixe depuis un bon bout de temps. Le président Samir Sobha dit être dans l’attente d’une rencontre avec le ministre Stephan Toussaint. « Concernant les allégations de voyeurisme et les sanctions dans l’affaire du Cercle de Joachim, il y a des enquêtes policières en cours. Pour le moment, nous ne pouvons rien faire. Dans le cas de voyeurisme, la MFA a mis en place un Fact-Finding Committee. De plus, Nazeer Bowud, l’assistant secrétaire général, a obtenu un ’severe warning’ », explique Samir Sobha.
Pour ce qui est de l’interdiction d’accès aux terrains, il est catégorique. Cela compromet le coup d’envoi de la saison 2021/22. « C’est peut-être parce que les terrains sont impraticables que le ministère a décidé d’en interdire l’accès aux clubs pour les entraînements. Nous attendrons jusqu’au mois de novembre pour voir ce qui se passe », soutient le président de la MFA. Selon lui, la suspension des allocations portera préjudice à de nombreux clubs. « Depuis plusieurs semaines, nous sommes dans l’attente d’une rencontre avec le ministère, mais le ministre ne semble pas intéressé à rencontrer la MFA. Il a préféré accueillir un groupe de dirigeants plutôt que les membres de la fédération. Définitivement, sans allocation, les clubs ne pourront pas reprendre le chemin de l’entraînement. Pour notre part, nous allons bel et bien organiser les différents championnats », souligne Samir Sobha.
À la question de savoir s’il prévoit d’alerter la FIFA de cette situation, il répond par la négative. « Je ne compte pas mêler la FIFA dans cette affaire », dit-il.