La Mauritius Football Association se retrouve dans une situation cocasse. Alors qu’elle a arrêté la date du 24 septembre pour le coup d’envoi de la saison 2022/2023, le ministre Stephan Toussaint campe sur sa position concernant la suspension des allocations des clubs et l’interdiction d’accès aux stades. Il est catégorique : l’instance de Trianon doit revoir son projet de relance.
La Mauritius Football Association (MFA) est stoppée dans son élan de lancer les trois championnats nationaux, c’està-dire la Super League, la première division et la deuxième division, le mois prochain. Justement, elle avait envoyé une correspondance au ministère (MAJSL) le 14 juillet dernier pour lui demander de faire le nécessaire concernant les allocations des clubs et des informations sur la disponibilité des stades en vue de la nouvelle saison. Une réponse se fait toujours attendre, laisse-t-on entendre du côté de la MFA.
Sollicité pour une déclaration à ce sujet, Stephan Toussaint ne mâche pas ses mots à l’encontre des dirigeants du football. « Je n’ai pas l’habitude de répondre à une fédération à travers la presse. La MFA sait très bien pourquoi nous n’avons pas répondu. À l’heure où je vous parle, il n’y a absolument rien en termes de projet concret pour le développement de notre sport roi. Nous avons demandé à la fédération, à maintes reprises, d’apporter des modifications au plan de réforme soumis au ministère. Car nous estimons que ce n’est pas un projet qui va emmener le football loin », dit le ministre.
Dans la foulée, il souligne que les restrictions seront maintenues tant que la MFA ne présentera pas un projet en bonne et due forme. « Si les clubs sont fatigués de cette situation, il faut qu’ils demandent des explications au président et à leur fédération. Al Trianon, al koz ar bann-la », ajoute Stephan Toussaint. Ainsi, la MFA se retrouve dos au mur face à l’intransigeance des autorités.
Depuis le 27 août 2021, le MAJSL a gelé les allocations des clubs nationaux et des comités régionaux, et interdit l’accès aux stades appartenant à l’État pour les entraînements et compétitions organisées par la MFA. De surcroît, des permis de travail ne sont pas délivrés aux nouveaux joueurs étrangers. Pour que ces sanctions soient levées, la MFA a été priée de chapeauter un projet de relance pour le football mauricien. Un projet à long terme (2021-2028) a donc été soumis à un comité technique du ministère, présidé par le directeur des sports Samoo Pillay. Mais jusqu’ici, le plan stratégique n’a pas été approuvé.
LES MESURES PUNITIVES MAINTENUES
C’est en novembre de l’année dernière que le plan de réforme de la MFA a atterri sur la table du ministère. Dans un premier temps, l’instance dirigeante du football local s’est attardée sur quatre axes qu’elle juge les plus importants, notamment (1) la professionnalisation des clubs d’élite et transformer le football en une industrie de divertissement sportif ; (2) la formation des jeunes pour produire des joueurs talentueux ; (3) plus de visibilité des événements footballistiques grâce à l’introduction d’une unité de production de télévision numérique pour soutenir les diffuseurs existants ; (4) le développement du football féminin et encourager la compétitivité au niveau régional.
Après avoir épluché le projet de 40 pages, le MAJSL avait invité la MFA à établir un plan d’action sur plusieurs aspects, notamment la professionnalisation des clubs élite, le développement du football féminin et des jeunes, le renforcement de la bonne gouvernance et de la transparence au sein de la MFA, la réintroduction des jeux inter-collèges en cette période de crise sanitaire ou encore l’introduction d’une unité de production de télévision numérique
. Au niveau de l’instance de Trianon, une source nous informe que les modifications ont déjà été apportées et transmises au ministère. « Depuis le mois d’avril, nous avons déposé le dossier au ministère mais jusqu’ici, il n’y a eu aucun retour », indique-t-on. Si tout se joue en coulisse, les footballeurs devront, eux, continuer à prendre leur mal en patience. Cela fait plus d’un an que les championnats nationaux sont à l’arrêt.