
Le technicien canadien est amer après que le ministère de la Jeunesse et des Sports l’eût demandé de plier bagage à la fin de ce mois. Cela, avant même la fin de son contrat en août prochain. Il parle de trahison et pense que le basket mauricien doit « franchir d’autres frontières ».
Vous êtes appelé à rentrer chez vous avant que votre contrat n’arrive à terme. Comment réagissez-vous ?
On m’a poignardé dans le dos. J’ai été choqué lorsque l’entraîneur national de l’équipe féminine m’a appris la nouvelle, mardi. La Fédération ne s’est jamais plainte de mon travail. Pourtant, trois dirigeants sont intervenus auprès de mon employeur, le ministère de la Jeunesse et des Sports, derrière mon dos, pour que mon contrat soit résilié. Ils ont bien planifié leur coup.
Il est écrit dans votre contrat que vous pouvez être renvoyé n’importe quand au cas où vous ne donnez pas satisfaction. C’est d’ailleurs la raison avancée par votre employeur…
Que me reproche-t-on exactement ? Je ne sais pas. S’il y avait un problème avec mon travail, pourquoi est-ce que la Fédération ne m’en a pas parlé ?
On m’a dit à maintes reprises de me méfier de certaines personnes. J’ai eu tort de n’avoir pas pris cela au sérieux.
Votre absence aux séances d’entraînement des présélectionnés ne passait pas inaperçue alors que vous avez été embauché dans le cadre des Jeux des îles…
Pourquoi avoir nommé les entraîneurs nationaux ? La préparation des joueurs tombe sous leur responsabilité. Mon rôle en tant que DTN est d’établir le programme de travail. C’est aux entraîneurs nationaux d’exercer sur le terrain. De mon côté, je négociais des camps d’entraînement à l’étranger et aussi des rencontres internationales pour les locaux.
C’est un secret de polichinelle dans le giron que vos relations avec certains membres de la Fédération étaient houleuses. Pourquoi ?
Il y a toujours des incompétents qui prétendent tout savoir alors qu’ils sont nuls. J’ai été prévenu qu’il ne fallait pas tenir tête à ces personnes, car je m’en mordrais les doigts. Le problème du basket-ball local c’est que des incompétents usent de leur influence pour forcer des décisions, alors que les gens capables et expérimentés n’ont pas leur mot à dire. Et si vous osez contester une décision, vous devenez l’homme à abattre.
Quels sont les projets que vous avez réalisés ?
Nous avons mis en place le centre d’entraînement national, qui regroupe 120 jeunes. L’organisation du tournoi 3x3 a connu un franc succès. J’avais plusieurs projets pour cette pépinière. Malheureusement, je n’aurai pas la chance de les réaliser.
Selon vous, le basket-ball mauricien peut-il aspirer à une place sur le podium aux prochains Jeux des îles ?
C’est tout ce que je peux souhaiter au basket-ball local. Toutefois, je trouve dommage que certains dirigeants s’opposent à ce que les expatriés rejoignent l’équipe nationale, en trouvant toutes sortes d’excuses. Or, les autres pays ont fait appel à leurs joueurs qui évoluent à l’étranger comme renfort. Pour être honnête, le progrès et le développement du basket-ball mauricien dépendent de plusieurs facteurs, notamment la stabilité de la Fédération, le soutien financier du gouvernement et des entraîneurs professionnels pour assurer la formation des joueurs dès leur jeune âge. Le basket-ball mauricien doit franchir d’autres frontières. La participation des équipes nationales aux Jeux des îles tous les quatre ans et des clubs à la Coupe des Clubs Champions de l’océan Indien chaque année n’aideront pas la discipline à aller de l’avant. Les joueurs ont besoin de frottements de haut niveau régulièrement pour hausser leur niveau.
On a déjà trouvé votre remplaçant en Charles Tassin. Cela ne vous étonne-t-il pas ?
Certainement pas. Car je connais la façon de procéder de certains dirigeants. Le basket-ball mauricien peut avoir les meilleurs entraîneurs au monde mais si le technicien ne peut faire son travail tranquillement sans que des gens qui n’ont aucune connaissance et expérience s’ingèrent dans ses affaires, cela n’en vaut vraiment pas la peine.
Mark Crnch, votre passage à Maurice a aussi été marqué par la polémique au sujet de vos propos sur Facebook. Avec recul, regrettez-vous ce que vous aviez écrit ?
J’ai simplement exprimé le fond de ma pensée au sujet de la médaille d’or décrochée par l’Union Sportive de Beau-Bassin-Rose-Hill à la Coupe des Clubs Champions de l’océan Indien sur ma page Facebook. Ce n’est un secret pour personne que la formation beaubassinoise n’aurait pas accédé à la plus haute marche du podium si la Réunion et Madagascar étaient présents. Le ministère m’a réprimandé pour cela et j’ai eu à présenter des excuses. Voilà…
Votre comportement lors d’une mission officielle, où vous avez invité les joueuses à consommer des boissons alcooliques, a aussi été critiqué…
J’ai 47 ans. Je pense que j’ai parfaitement le droit de prendre un verre pendant que je dîne. Par contre, je n’ai jamais invité les filles à boire, car mon épouse était avec moi ce jour-là.